Il abrite d'importants glaciers, tant en nombre qu'en taille et possède deux sommets de plus de 4 000 mètres d'altitude.
Il était autrefois également nommé massif du Pelvoux.
Géographie
Situation
L'Oisans (bassin de la Romanche) au nord-ouest, le Champsaur (haut-bassin du Drac) au sud-ouest, et le Briançonnais (bassin de la Haute-Guisane) au nord-est recouvrent une partie du massif.
Il est également bordé par la Durance à l'est et au sud, qui alimente le lac de Serre-Ponçon.
Ainsi, on peut distinguer entre autres en son sein les chaînons de La Meije, du Pelvoux, du Rochail, du Soreiller, de Combeynot, du Chaillol, de l'Aiglière, de Dormillouse, de Rochelaire, du Mourre Froid.
Le massif des Écrins fait partie des massifs cristallins externes de la chaîne des Alpes. Il est donc constitué d'un socle cristallin, affleurement de la couche continentale de la chaîne varisque[2]. Quelques zones sédimentaires charriées, broyées ou rejetées se trouvent en périphérie du massif. Il est d'une grande diversité géologique. En résumé, on trouve un pluton granitique au cœur du massif, au niveau de la Bérarde. Autour de ce pluton, se trouve une très vaste auréole métamorphique allant des anatexites (mont Pelvoux), des migmatites (Barre des Ecrins) à divers sortes de gneiss (partie supérieure de la Meije, de l'Olan ou encore le Sirac). Ces gneiss, souvent amphibolitiques, constituent fréquemment la partie supérieure des hauts sommets, sous la forme d'un «chapeau», assez caractéristique du massif[3],[4],[5],[6].
Histoire
Avant le développement de l'alpinisme et de la géographie (carte de Cassini), le massif était très mal connu. En raison de sa taille et de sa complexité, les autochtones étaient incapables de se le représenter dans toute son étendue et ne nommaient que les cols, sommets, vallons, etc. — qui présentaient un intérêt de leur point de vue, notamment les déplacements, les usages ou la chasse. Tous les sommets n'en portaient pas.
Ainsi, le nom le plus utilisé est longtemps été celui de massif de l'Oisans[7], puisque cette vallée comprend les villages de départ (La Grave, Saint-Christophe-en-Oisans, la Bérarde) vers la plupart des principaux sommets. L'extension aux autres vallées (Valbonnais, Valjouffrey, Valgaudemar), plus méridionales, s'est faite naturellement de par leur proximité et leur similarité. Plus surprenante est celle à la partie briançonnaise du massif: un nom concurrent émerge alors, celui de massif du Pelvoux, du nom du sommet, renforcé par la création d'un parc domanial dans cette zone, mais sans s'imposer.
L'ambiguïté qui subsiste pendant plusieurs années, avec l'emploi des deux noms, tente d'être résolue à la fin des années 1880 par Henry Duhamel et William Auguste Coolidge avec la création du terme massif du Haut-Dauphiné, mais dont la définition restait floue. Enfin, l'emploi de massif de la Meije est aussi apparu, mais avec une restriction géographique restreinte au nord du massif.
La création du parc national des Écrins en 1973 a mis tout le monde d'accord et a fini par imposer le nom actuel, non sans mal (comme en témoigne encore en 1978 l'ouvrage Le grand Oisans sauvage par Samivel).
En 2022, sur les 120 glaciers que comptaient les Écrins dans les années 1950, la moitié avait disparu, en raison du réchauffement climatique[8].
Massif du Pelvoux (nom anciennement donné au massif), dans le livre de Franz Schrader et Louis Gallouédec, Géographie élémentaire de la France et de ses colonies, 1894.
Carte du cœur du massif des Écrins, par Edward Whyper, dans son ouvrage Escalades dans les Alpes de 1860 à 1868.
Le vallon des Étançons, avec vue en direction de La Bérarde, illustration extraite de l'ouvrage de l'alpiniste et illustrateur Edward Whymper Escalades dans les Alpes de 1860 à 1868, page 199.
Activités
De nombreuses activités de montagne sont pratiquées, toute l'année, dans le massif, notamment sur les sites naturels protégés (notamment le parc national des Écrins).
Alpinisme et escalade
Le massif est réputé pour l'alpinisme. La Bérarde, hameau de Saint-Christophe-en-Oisans, a longtemps été le deuxième centre français d'alpinisme après Chamonix et reste un lieu majeur pour ce sport en France. La Grave est également un lieu marquant de l'alpinisme et la commune a notamment accueilli une édition des Piolets d'or, une manifestation annuelle valorisant des ascensions alpines exceptionnelles réalisées l'année précédente. Ailefroide, avec son Pré de Madame Carle, figure également parmi les sites emblématiques du massif, point de départ de courses en montagne (Barre des Écrins, Ailefroide, etc.).
Certains sites permettent également la pratique de l'escalade et, en hiver, de l'ascension de cascade de glace.
Randonnée pédestre
De nombreux sentiers de randonnée pédestre parcourent le massif, dont le sentier de grande randonnée 54.
Certaines rivières en bordure du massif, telles la Romanche, la Guisane ou le Vénéon, permettent la pratique de sports d'eaux vives comme le rafting ou le canoë-kayak.
Dans la culture
Peinture
Peu d'illustrations de ce territoire existent avant le XIXesiècle[9]. Le massif a été représenté par l'alpiniste et illustrateur britannique Edward Whymper dans les années , sur différentes gravures illustrant le mont Pelvoux ou la barre des Écrins[9]. En , Léon Sabatier réalise des gravures du pré de Madame Carle et des glaciers situés sur les hauteurs de La Grave[10]. Quelques années plus tard, Laurent Guétal réalise des huiles sur toile représentant le massif, et en particulier le lac de l'Eychauda en et [11] et la vallée de la Pilatte, en [12]. L'ouvrage La Meije et les Écrins, publié en , est illustré de 24 planches qui sont l'œuvre d'Ernest Hareux[13]. Paul Helbronner a réalisé une aquarelle de 6 m de long, en photogravure, représentant un panorama des sommets du massif, au cours de son travail en tant que géodésiste: cette œuvre, publiée en , est issue de relevés effectués en [14]. Robert Leroy-Wattiaux, membre de la Société des Peintres de Montagne, réalise plusieurs huiles sur toile du massif, et notamment de la Meije[15]. En , le peintre Alexis Nouailhat publie un ouvrage contenant un recueil d'aquarelles du massif des Écrins[16].
Cinéma
Le massif des Écrins apparaît dans la première partie du film de Gaston Rébuffat, Les Horizons Gagnés, réalisé en . Rebuffat y est filmé durant l'ascension de la barre des Écrins et de la Meije[17]. Le Méridien des Écrins est un road-movie vertical réalisé en , retraçant douze jours d'ascension dans le massif[18]. Jean-Michel Bertrand, cinéaste animalier, tourne durant trois ans un documentaire au cœur du massif, dans lequel il film le loup à l'état sauvage. Ce documentaire nommé La Vallée des loups est présenté au public en [19]. Les Enfants de la Meije est un reportage réalisés en , mettant en scène la vie des gardiens des refuges du Promontoire et de l'Aigle[20]. En , plusieurs épisodes de la série à succès Alex Hugo sont tournés dans le Briançonnais, et en particulier sur la commune de Freissinières[21]. Cette même année, le cinéaste animalier Franck Neveu réalise pour le parc national des Écrins, une série de douze documentaires de quelques minutes chacun, sur des thématiques animalières peu connues[22]. Les Cinq Diables, réalisé par Léa Mysius en , a été tourné en grande partie au Bourg-d'Oisans[23].
Le hameau de la Bérarde accueille depuis Le Plus Petit Festival International du Film de Montagne (PPFIFM), durant lequel des projections de films liés au monde de la montagne sont proposés durant les trois jours que dure le festival[24].
Musique
Le massif des Écrins accueille plusieurs festivals annuels de musique: depuis , Musiques en Écrins[25] et depuis , le Festival Messiaen au Pays de la Meije, dédié au compositeur Olivier Messiaen[26]. La commune de L'Argentière-la-Bessé accueille également chaque année, depuis , un festival nommé Autour de Brassens[27], et la commune de Vallouise-Pelvoux accueille le festival Les Envoyageurs, depuis [28]. La Tournée des Refuges est un festival de musique itinérant créé en , parcourant, entre autres, les refuges de montagne du massif des Écrins[29],[30].
Littérature
Le massif des Écrins a servi de décors à différents romans, notamment des romans policiers. Accident à la Meije est un roman d'Étienne Bruhl, publié en et dont une partie de l'histoire se déroule sur le sommet de la Meije[31]. Cet ouvrage est souvent considéré comme le premier du genre «roman policier alpin»[32]. Les hauts lieux, de Michel Desorbay, est un roman publié en qui se déroule à proximité de la Meije[33]. Rouge blanc rose est un roman à suspens de Jean-Marie Delthil, publié en , dont une partie de l'action se déroule sur le glacier de la Pilatte[34]. Dans La Saga des Écrins, publié en , François Labande parcourt l'histoire de la conquête du massif[35]. Écrins fatals, publié en par Pierre Charmoz et Jean-Louis Lejonc, revisite l'histoire de l'ascension de la barre des Écrins sous la forme d'un roman policier[36]. La dame de Pierre, de Xavier-Marie Bonnot, est un roman policier dont l'intrigue se déroule au Bourg-d'Oisans, publié en [37]. Le massif des Écrins: Histoire d'une cartographie, de l'Antiquité à l'aube du XXesiècle, est un ouvrage retraçant l'histoire du massif à travers des sources iconographiques[38]. Le Seigneur des Écrins est un roman policier de Gérard Guerrier se déroulant dans la commune de la Bérarde, publié en 2022[39]. Histoire des refuges du massif des Écrins, est ou ouvrage historique d'Alain Marmonier, publié en 2022[40].
Bande dessinée
Ailefroide, altitude 3954 paru en 2018, Le Loup paru en 2019 et La Dernière Reine parue en 2022 sont trois bandes dessinées illustrées par Jean-Marc Rochette, dont l'intrigue prend le massif des Écrins pour décor.
Notes et références
Notes
Point culminant du massif, du département des Hautes-Alpes et de la région PACA.
Serge Bogdanoff, René-Pierre Ménot et Gérard Vivier, «Les massifs cristallins externes des Alpes occidentales françaises, un fragment de la zone interne varisque / The external crystalline massifs of the French western Alps, a part of the internal variscan zone», Sciences Géologiques, bulletins et mémoires, vol.44, no3, , p.237–285 (DOI10.3406/sgeol.1991.1868, lire en ligne, consulté le )
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J. Debelmas, «Orcières», Bureau de recherches géologiques et minières, (lire en ligne)
J.C. Barféty, G. Montjuvent, A. Pécher et F. Carme, «La Mure», Bureau de recherche géologiques et minières, (lire en ligne)
R. Barbieret al., «La Grave», Bureau de recherches géologiques et minières, (lire en ligne)
Jean-Claude Tournou-Bergonzat, «Rétrospectives et hommages aux peintres alpinistes du XXesiècle», Physio-Géo. Géographie physique et environnement, noVolume 8, , p.7–45 (ISSN1958-573X, lire en ligne, consulté le )
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Randonnée
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Jean-Pierre Nicollet, Circuits de randonnées dans le massif des Écrins, Glénat, coll. «Montagne-Randonnée», 2002 (ISBN272343317X)
Jean-Luc Charton, Randonnées dans le massif des Ecrins Briançonnais, Glénat, coll. «Rando-Evasion», 2002 (ISBN2723438236)
Jean-Michel Pouy, Lacs du Dauphiné, randonnées de Belledonne aux Ecrins, Glénat, Glénat, coll. «Montagne-Randonnée», 2006 (ISBN9782723453998)
Alpinisme
François Labande, Guide du Haut-Dauphiné: Massif des Écrins, t.1: Partie nord: Râteau, Soreiller, Meije, Grande Ruine, Éditions de l'envol,
François Labande, Guide du Haut-Dauphiné: Massif des Écrins, t.2: Partie est: Écrins, Ailefroide, Pelvoux, Roche Faurio, Combeynot, Agneaux, Clouzis, Éditions de l'envol,
François Labande, Guide du Haut-Dauphiné: Massif des Écrins, t.3: Partie sud: Bans, Sirac, Olan, Muzelle, Rouies, Vallon des Étages, Arias, Éditions de l'envol,
Gaston Rébuffat, Le Massif des Écrins: Les 100 plus belles courses et randonnées, Denoël, 2001 (ISBN2207252329)
Frédéric Chevaillot et Jean-René Minelli, Écrins, ascensions choisies, Glénat, coll. «Montagne et randonnée», 2001 (ISBN2723431460)
Frédéric Chevaillot, Paul Grobel, Jean-René Minelli, Sommets des Ecrins, les plus belles courses faciles, Glénat, coll. «Montagne et randonnée», 1997 (ISBN2723420078)
Paul Grobel, Jean-René Minelli, Frédéric Chevaillot, Alpinisme facile dans le massif des Écrins, Glénat, coll. «Montagne Evasion», 2006 (ISBN2723455106)
Articles connexes
Géographie des Alpes occidentales
Liens externes
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