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La chaîne de Belledonne est un massif des Alpes françaises dont une partie est proche de Grenoble, constituant une région naturelle française. Le massif est principalement situé dans le département de l’Isère, mais son versant nord-est se trouve en Savoie. Son plus haut sommet, le Grand pic de Belledonne, culmine à 2 977 m.

Chaîne de Belledonne
Massifs des Alpes occidentales
Géographie
Altitude 2 977 m, Grand pic de Belledonne
Massif Alpes
Longueur 70 km
Largeur 20 km
Administration
Pays France
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Départements Isère, Savoie
Géologie
Roches Gneiss, granite, amphibolite, gabbro, schiste, micaschiste

Toponymie


Belledonne s'écrit sans article, contrairement à la plupart des autres massifs, et au singulier ; son étymologie a plusieurs versions.

D'après P.-L. Rousset, il faudrait chercher les origines de la toponymie dans les langues indo-européennes d'Asie centrale ; Belledonne aurait donc une origine préceltique associée aux racines bel, bal, bol signifiant « hauteur », « rocher », « belvédère » avec l'ajout plus tardif de la finale done[1],[2].

C'est l'arrivée du latin bellus qui aurait induit un glissement de sens en faisant perdre la signification première de « rocher élevé » au profit du qualificatif de « beauté ». Il aurait alors fallu expliquer ce qui était « beau », on décida un rapprochement imagé avec donna, la « mère ». Cette version poétique de la mère à l'enfant interprétable depuis le versant est par la relative ressemblance du Grand Pic à une femme ayant à ses côtés un enfant est très souvent évoquée.

Raymond Joffre accrédite cette hypothèse de bella donna, « la belle dame », que les émigrants italiens venant travailler en Oisans en passant par le col du Glandon auraient initiée[3]. Il légitime cette origine par son caractère récent, ne trouvant trace de ce toponyme qu'à partir du XVIIIe siècle. En effet, en 1414 apparaît « mons frigidus fontis inclusis pratis de Freydana » traduit par « la montagne de la source cachée dans les prés de Freydane ». Freydana est une appellation qui se retrouve versant Grésivaudan en plusieurs lieux (au Moutaret : Frédon, Freydières, Freydon en 1260 ; à Sainte-Agnès : Freydone en 1413 ; à Morêtel-de-Mailles : cabannaria de freyduri en 1260 ; à Chapareillan : Freydière, Freydier), mais jamais dans la vallée de l'Eau d'Olle. Le Pic de Belledonne n'est évoqué que sous l'appellation de Freydane jusqu'au XVIe siècle, et uniquement côté ouest. La carte de Bourcet de 1749 entérine le nom de Belledonne pour désigner le point culminant, tandis que celle de Cassini, terminée en 1789, fait une union toponymique en écrivant Roc de Freydane ou de Belledone.

J. Bruno mentionne un mons belli dignarii de 1444, qui désigne la montagne de Bédina, et associe bedina, beldina et belledone. Selon lui, il faudrait remonter à l'ancien beldina / bel done, dont seules les formes anciennes du mot donnent son sens : bel = « obscur » + di du gaulois divos = « sacré » + na du gaulois nantos = « vallée » : c'est « la vallée sacrée »[4].

Autre hypothèse trouvant racine dans la langue gauloise : belo signifie « puissant », « imposant » et dunon désigne soit un lieu fortifié, soit une muraille ou un mouvement de terrain assez fort pour constituer un obstacle difficile à vaincre. Le nom Belledonne serait alors issu de belodunon, datant de 2 500 ans au moins, dont le sens se serait perdu au fur et à mesure que d'autres langues s'imposèrent.

G. Tuaillon rappelle que les gens du pays ne donnaient pas de noms aux massifs montagneux. Belledonne serait d'abord le nom d'un petit torrent. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que le nom a désigné le massif[2]. Cependant, d'après le dictionnaire de Pilot de Thorey, il n'existe aujourd'hui pas de torrent ayant le nom de Belledonne.

Le sommet du massif portait un nom différent selon le versant : le Roc de Freydone côté Grésivaudan (qui évoluera en orthographe et en lieu, pour être aujourd'hui le col de Freydane) désignait le point culminant, nommé Pic de Belledonne côté Eau d'Olle.

Une autre hypothèse a aussi cours, il s'agit du rapprochement avec la plante Atropâ Belladona[réf. nécessaire], surnommée « belle dame » en référence aux romaines de l'Antiquité se servant d'extraits utilisés pour donner du brillant aux yeux ou comme fard.

Vers la Savoie, certains désignent parfois le massif en y ajoutant l'article « les », Belledonne semblant évoquer un pluriel à consonance italienne.

Dans la partie centrale de Belledonne, le massif des Sept Laux comprend un ensemble de sommets et de lacs ; il a d'abord été connu sous le nom de « montagne abîmée » en 1622 (parois et vallons donnant sur de profondes vallées), puis de Cælo sur la carte de Tillemon en 1690 : en latin, Cælum-i-o signifie « montagne du ciel » (reflets des lacs ou sommets élevés ?). Ensuite, en 1803, le comte de Barral fit dresser une carte pour figurer dans son contrat de 2e mariage où l'on trouve l'orthographe Ceylau qui, déformée phonétiquement, devint Sept Laux. Ainsi, Laux ne serait pas le pluriel de « lac », d'autant plus que le plateau central de ce massif comporte quatorze lacs nommément désignés, et non sept. Les Sept Laux ne désignent donc pas « les sept lacs »[5].


Géographie



Situation


Le massif s'étend sur 70 km de long et 20 km de large.

Il est bordé sur son versant nord-ouest par l'Isère et fait face aux massifs de la Chartreuse (large vallée du Grésivaudan) et des Bauges (combe de Savoie). Au nord-est, sur la rive opposée de l'Arc (Maurienne), se situe le massif de la Vanoise. À l'est, il est séparé par le torrent Glandon du massif des Arves et au sud-est par l'Eau d'Olle des Grandes Rousses. Pour finir, à l'extrémité sud, de l'autre côté de la Romanche (basse vallée de l'Oisans), s'élève le massif du Taillefer.

Les sommets enneigés de Belledonne constituent le décor naturel des deux plus grandes villes des Alpes françaises (Grenoble et Chambéry).

Carte de la chaîne de Belledonne avec les principaux éléments géographiques.
Carte de la chaîne de Belledonne avec les principaux éléments géographiques.

Topographie


Le massif se compose de trois chaînons principaux. Du sud au nord :


Principaux sommets

Le Grand pic de Belledonne (gauche), le pic Central de Belledonne (centre) et la Croix de Belledonne (droite).
Le Grand pic de Belledonne (gauche), le pic Central de Belledonne (centre) et la Croix de Belledonne (droite).

Principaux cols

Le col de la Pra.
Le col de la Pra.

Véritable barrière naturelle, Belledonne n'est franchie par aucun col routier. Une caractéristique du relief de la chaîne est en effet que les cols sur la crête principale sont proches en altitude des sommets voisins.

Le pas de la Coche, séparant le massif de Belledonne proprement dit du massif des Sept-Laux, est le seul véritable point faible où la crête faîtière (ligne de partage des eaux entre l'Isère à l'ouest, l'Arc et la Romanche à l'est) s'abaisse en dessous de 2 000 m d'altitude.

Les principaux cols de la chaîne de Belledonne sont :


Hydrographie



Principaux glaciers


Principaux lacs

Le lac du Grand Doménon.
Le lac du Grand Doménon.
Lac du Crozet avec vue sur le massif de la Chartreuse.
Lac du Crozet avec vue sur le massif de la Chartreuse.

Géologie


Le massif de Belledonne est un massif cristallin externe. Le granite est présent dans certaines zones (vallon de Bourbière), mais on trouve principalement du gneiss amphibolique. Le massif est très travaillé tout au long de l'hiver par des gels et dégels successifs (cryoclastie ou gélifraction). Dans les soubassements du massif, le schiste est dominant.

La chaîne de Belledonne fait partie de l'arc alpin qui prend de l'altitude, à raison d'un millimètre par an en moyenne[7]. Elle se déplace également vers le sud-est à une vitesse relativement élevée de plusieurs centimètres par an. Ce dernier phénomène se manifeste par des éboulements et des glissements de terrain relativement fréquents dans la vallée de la Romanche, lesquels menacent en particulier le secteur des Ruines de Séchilienne.


Faune


Outre la faune classique des Alpes (marmotte, chamois, bouquetin, lagopède…), le loup est aussi présent depuis quelques années, principalement dans le massif d'Allevard à cheval entre l'Isère et la Savoie.

Le bouquetin avait totalement disparu de Belledonne. Une vingtaine d'individus d'origine suisse (treize femelles et sept mâles) ont été réintroduits au printemps 1983 au-dessus du barrage de Grand'Maison dans la combe de l'Âne. Au printemps 2002, la population s'élevait à 900 têtes réparties sur l'ensemble du massif[8].

L'ours était aussi présent dans le massif. Mais chassé, il en disparut complètement dans les années 1920. Certains toponymes témoignent encore de cette présence passée, comme la cascade de l'Oursière au-dessus d'Uriage ou le Plan de l'Ours dans la vallée du Veyton[9].


Histoire


Très largement utilisé avant l'apparition de l'automobile par les populations locales pour passer d'une vallée à l'autre, voire se rendre en Maurienne par le col du Glandon, le pas de la Coche aurait été utilisé par Hannibal lors de sa traversée des Alpes[10]. Il a failli être traversé par une route. Sous l'impulsion de Joseph Paganon (1880-1937), maintes fois ministre, la D 528 devait relier Laval au Rivier-d'Allemont, mais le projet s'est arrêté à la cote 1336 côté Grésivaudan, alors que côté vallée de l'Eau d'Olle, rien n'avait été encore entrepris[11].

Outre les traditionnelles activités pastorales encore présentes, Belledonne a connu une activité minière jusque récemment ; en témoignent certains toponymes (col de la Mine de Fer). Tournant principalement autour de l'exploitation du fer (vallée du Bréda), il y eut aussi des mines d'argent sous la Grande Lance d'Allemont, au lieu-dit des Chalanches. Les mines des Chalanches furent exploitées de 1767 à 1890, d'abord clandestinement, puis légalement à la suite de nombreux accidents. Étienne Favier, premier alpiniste ayant gravi le Grand pic de Belledonne le , y travaillait comme contremaître[12]. Cette activité minière, grande consommatrice de bois, fut la principale responsable de la déforestation du massif.

Belledonne a aussi été un des berceaux de la houille blanche grâce à Aristide Bergès et à ses papeteries à La Combe-de-Lancey, ou sur la commune de Livet-et-Gavet. En effet, le massif de Belledonne cumule plusieurs facteurs favorables à l'exploitation de l'énergie hydroélectrique :


Alpinisme



Activités



Hydroélectricité


Les principales installations hydrauliques et hydroélectriques du massif sont :


Tourisme


Bien qu'étant proche de grandes agglomérations, le massif de Belledonne a su garder son côté sauvage et se prête l'été à la randonnée (le GR 738 fait le tour du massif[14]) et l'hiver au ski de randonnée.

Depuis quelque temps, les cols de certaines stations attirent une nouvelle catégorie de sportifs : les descendeurs, qu'ils soient en roller, longskate, streetluge, buttboard[réf. nécessaire]


Stations de sports d'hiver


Dans la culture



Peinture


Entre deux pluies, Lac Robert (Chamrousse), Charles Bertier, Musée de Grenoble.
Entre deux pluies, Lac Robert (Chamrousse), Charles Bertier, Musée de Grenoble.

Les peintres de l'École dauphinoise comme Charles Bertier et Édouard Brun ont abondamment peint le massif de Belledonne, en particulier ses lacs.


Cinéma


Le somptueux décor des pics enneigés de Belledonne a été utilisé dans plusieurs films :


Notes et références


  1. PL. Rousset, Les Alpes et leurs noms de lieux - 6000 ans d'histoire (ISBN 2-901193-02-1)
  2. Arvillard ses lieux-dits, ses légendes
  3. Raymond Joffre, La Fabuleuse Histoire de Belledonne, des origines au XIXe siècle, éditions de Belledonne
  4. J. Bruno, Le Graisivaudan, toponymie et peuplement d'une vallée des Alpes
  5. D'après une synthèse d'un document de communication EDF - Pôle Industrie UP Alpes - Groupe d'exploitation hydraulique Vallée de la Maurienne
  6. Point culminant des aiguilles de l'Argentière.
  7. Raymond Joffre, La fabuleuse histoire de Belledonne, Éd. de Belledonne (2006), p. 32 (ISBN 2911148703)
  8. Population de Belledonne - Bouquetins des Alpes
  9. Belledonne38 - le massif - Faune
  10. Geoffroy de Galbert, Hannibal en Gaule, Editions de Belledonne (2006) (ISBN 2911148657)
  11. Pascal Sombardier, Randonnées au cœur des Alpes, Glénat (ISBN 2-7234-3284-X) (BNF 37215597)
  12. Raymond Joffre, La Fabuleuse Histoire de Belledonne, Éd. de Belledonne (2006), p. 21 (ISBN 2911148703)
  13. « AVIS AUX RANDONNEURS : EDF INSTALLE UNE TABLE D’ORIENTATION AUX 7 LAUX », sur http://www.lacsdemontagne.fr, (consulté le )
  14. « GR® 738 : Haute Traversée de Belledonne - Mon GR® », sur www.mongr.fr (consulté le )

Voir aussi



Bibliographie



Randonnée


Alpinisme


Articles connexes



Liens externes


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На других языках


[de] Belledonne

Die Belledonne ist ein etwa 60 km langes, aus Kristallingestein aufgebautes Gebirge in Ostfrankreich und bildet den Westausläufer der französischen Alpen. Das Massiv zieht sich von Grenoble nach Osten und Nordosten und erreicht an seinem Südrand (15 km von der Großstadt entfernt) Höhen bis 2980 m. Es liegt im Département Isère, die Nordostseite auch im Département Savoie, direkt östlich der Isère und des voralpinen Chartreuse-Gebirges.

[en] Belledonne

Belledonne (French: La chaine de Belledonne) is a mountain range (French: massif) in the Dauphiné Alps (part of the French Alps) in southeast France. The southern end of the range forms the eastern wall of the mountains that surround the city of Grenoble.

[es] Cadena de Belledonne

La cadena de Belledonne (en francés, La chaine de Belledonne ) es una cadena montañosa (en francés, massif) en los Alpes del Delfinado (parte de los Alpes franceses) en el sureste de Francia. El extremo sur de la cordillera forma la barrera oriental de las montañas que rodean la ciudad de Grenoble. La cadena destaca por el espectacular paisaje que ofrece a los habitantes de Grenoble, por sus numerosas áreas de esquí, por una geología interesante y una amplia gama de tipos y usos de tierras alpinas.
- [fr] Chaîne de Belledonne

[it] Catena di Belledonne

La Catena di Belledonne (o massiccio di Belledonne) è un gruppo montuoso francese nelle Alpi del Delfinato[1]. Si trova principalmente nel dipartimento dell'Isère e secondariamente in quello della Savoia. Le vette innevate di Belledonne costituiscono il decoro naturale delle due più grandi città delle Alpi francesi: Grenoble e Chambéry.



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