Le massif des Bornes est un massif montagneux des Préalpes du Nord, dans le département de la Haute-Savoie. Il est encadré au sud-ouest par la trouée d'Annecy, au nord-ouest par les collines et plateaux du Genevois, au nord-est par la vallée de l'Arve et au sud-est par la chaîne des Aravis. Constitué de montagnes et plateaux de type jurassien séparés par de profondes vallées et cluses, son plus haut sommet s'élève à 2 438 mètres d'altitude à la pointe Blanche. Au centre du massif se trouve le plateau des Glières, haut lieu de la résistance française.
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Ne doit pas être confondu avec Bornes (plateau).
Il est limité à l'est par la dépression de Thônes et la chaîne des Aravis dans laquelle on trouve les sommets les plus élevés des Préalpes du Nord, au sud-ouest par le lac d'Annecy et le massif des Bauges, et au nord par la vallée de l'Arve et le Chablais.
On peut pénétrer dans le massif par de nombreuses vallées ouvertes, qui séparent bien les différents sommets du massif :
Deux rivières importantes traversent le massif :
Sommets principaux du massif (plus de 2 000 m) hors ceux de la chaîne des Aravis :
Sommets visible d'Annecy (en plus du massif de la Tournette) :
Entre ces sommets se trouvent des plateaux peu élevés mais d'accès difficiles, comme le plateau des Glières tristement célèbre lors de la Seconde Guerre mondiale, ou le Champ Laitier.
Comme tous les massifs des Préalpes, le massif des Bornes est constitué principalement de calcaire (et ses dérivés).
Les Bornes sont un massif particulièrement arrosé, mais les anciens redoutaient particulièrement les années très pluvieuses et froides qui étaient des années de faibles récoltes et potentiellement de famines comme en 1812.
Dès 1881, la vallée de Thônes accueille une des 172 stations météorologiques recensées dans les Alpes :
Les années de sécheresse — relative — les plus mémorables sont les années 1782, 1800, 1802, 1816, 1818, 1832, 1859, 1870, 1893, 1904, 1906, 1921, 1949, 1962, 1976, 1983, 1984, 1994 et 2003[1].
Parmi les années les plus froides : (−22,2 °C), , (−21,0 °C), (−21,2 °C), (−18,0 °C).
Au Néolithique, la grotte de La Balme-de-Thuy est occupée l'été par des chasseurs-cueilleurs.
En 1151, le seigneur Aymon de Faucigny fonde un monastère dans la vallée de Béol. Le Bienheureux Jean d'Espagne lui donnera son nom définitif ayant trouvé en ce lieu son « reposoir ». Au Moyen Âge, le seigneur des Clefs régnait sur une grande partie des Bornes. Son vaste domaine s'étendait du Reposoir jusqu'à la rive droite du lac d'Annecy.
Le , le Bienheureux Pierre Favre naît au hameau du Villaret à Saint-Jean-de-Sixt.
Dans la nuit du 21 au , les troupes françaises du général Moutesquiou envahissent par surprise le duché de Savoie, obligeant l'armée savoyarde, le roi et de nombreux fonctionnaires et membres du clergé à se réfugier au Piémont. Fin octobre, l'Assemblée des Allobroges, réunie dans la cathédrale de Chambéry déclare la fin du despotisme, la suppression des corvées et de la gabelle, la fin de la milice et la création du département du Mont-Blanc. Les Savoyards deviennent français pour 23 ans.
Dès le début 1793 et avant même l'arrêté du , mettant fin à l'exercice de la religion dans le département, la population des Aravis, très attachée à l'Église catholique romaine, ressent fortement les évènements et développe de très forts sentiments contre-révolutionnaires. Le dimanche , les paroisses s'insurgent contre les mesures anti-religieuses et surtout l'établissement du tirage au sort des « volontaires » enrôlés par l'armée révolutionnaire. Les révoltés décident de faire du pont de Dingy qui commande l'entrée de la vallée de Thônes, leur première ligne de résistance. Surpris par la fusillade, la grêle de pierres et l'explosion de mines, mais aguerris, les soldats républicains réussissent à prendre le pont puis se lancent à la poursuite des insurgés dans toute la vallée. Une bataille décisive de 2 nuits et un jour s'engage dans la nuit du 7 au entre les soldats de la république et les insurgés à Morette. Le , les insurgés n'ayant plus de munitions sont obligés de se replier dans les bois et la montagne laissant la route de Thônes ouverte aux troupes françaises.
La bataille aura causé la mort de 12 insurgés, 5 autres insurgés, dont une femme, Marguerite Frichelet-Avet, seront faits prisonniers et condamnés à mort par la justice révolutionnaire. Les troupes françaises prennent la ville de Thônes, dont les habitants par milliers se sont enfuis dans les montagnes proches, et la mettent à sac. Le curé témoigne : « Les toits abattus, les portes, fenêtres, armoires brisées, tout le bétail emmené, tout le vin bu ou versé ; le pillage fut si universel qu'il ne resta ni pain, ni blé au retour des malheureux habitants [...] Toute la paroisse attendait le massacre général [...] Je ne crois pas que la terreur puisse être portée plus loin qu'elle n'était parmi le peuple [...] On se fuyait les uns des autres dans la crainte que ce fut des espions français ». Au Grand-Bornand, la population s'organise en vue de l'arrivée des troupes françaises et dans la peur d'être massacrée. Les provisions, les semailles et les animaux sont cachés dans les forêts. Des milliers de personnes aussi s'y réfugient.
L'amnistie est proclamée dès le , permettant aux habitants de regagner leurs habitations. Cependant les révolutionnaires mettent en place pour 10 années une véritable armée d'occupation avec l'obligation pour les communes de subvenir aux frais de casernement des soldats. Au total 86 insurgés seront tués par la troupe d'occupation. Le , Marguerite Frichelet-Avet est exécutée sur le Pâquier d'Annecy à l'âge de 37 ans pour son rôle dans « la guerre de Thônes ». Ses dernières paroles furent : « Je meurs fidèle à mon Dieu et à mon Roi. Vive la religion catholique ! Vive le roi de Sardaigne ! Tirez seulement. »[2].
Durant les mois suivants, l'hostilité des habitants de la vallée de Thônes grandit à l'encontre du nouveau « régime révolutionnaire » à cause des nombreuses atteintes portées à la religion catholique ; en 1794, le clocher, une « offense pour l’œil révolutionnaire » est démoli. La conscription de masse fut imposée par l'occupation française ; elle constitua une véritable saignée dans les familles et appauvrit grandement la vallée en diminuant la capacité des forces de travail.
En 1812, le massif connaît une importante famine due à un hiver très enneigé et un printemps très pluvieux, l'estive ne peut se faire qu'en août.
En 1831, trois communes du Haut, s'allient pour construire le « pont des Antérieux », aussi appelé « pont des Étroits » ou « pont de la Douane ».
En 1851, la vallée de Thônes est frappée d'une importante épidémie de variole (petite vérole).
Le Régie d’électricité de Thônes est distributeur et fournisseur d'électricité depuis 1931
En 1971, la « Coopérative des producteurs de reblochon fermier » est créée à Thônes.
En 1991, le festival international « Au Bonheur des Mômes » est créé au Grand-Bornand.
La chaîne des Aravis est souvent étroitement associée au massif des Bornes, qu'on appelle alors massif des Bornes-Aravis. Mais on rencontre également l'appellation raccourcie « massif des Aravis » pour l'ensemble du massif, peut-être un effet du marketing touristique.
Le massif bénéficie d'un enneigement exceptionnel compte tenu de son altitude moyenne. Il abrite deux stations de sports d'hiver (ski alpin et fond) avec des pistes de 900 à 2 000 m :
L'activité touristique est également très forte en été. Une des caractéristiques de ces « stations » est d'être avant tout des villages de montagne où il y a encore une forte activité agricole.
Le plateau des Glières est également un site réputé de ski de fond.
Le massif est le pays du reblochon, le fameux fromage, né à Thônes[3], et qui est fortement produit de manière artisanale dans les vallées du massif. Deux marchés importants se tiennent hebdomadairement à Thônes et au Grand-Bornand. 17 400 tonnes ont été produites en 2002 et 15 200 tonnes en 2009. On notera également une forte industrie du bois.
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