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Les glaciers des Pyrénées sont les derniers vestiges des immenses masses de glace formées durant l'ère glaciaire qui couvraient la chaîne pyrénéenne. Ces glaciers — parmi les plus méridionaux d'Europe[Note 1] — sont tous des glaciers de montagne. Seuls subsistent encore de nos jours les cirques glaciaires, et quelques courtes langues de glace achevant leur course bien au-dessus des vallées. Très peu sont encore de réels glaciers en mouvement et la plupart sont réduits à de simples névés.

Glacier du Mont-Perdu fin août 2011
Glacier du Mont-Perdu fin
Glacier de l'Aneto fin août 2011
Glacier de l'Aneto fin
Glacier d'Ossoue et Glacier des Oulettes de Gaube fin août 2011
Glacier d'Ossoue et Glacier des Oulettes de Gaube fin

Description



Situation


Les glaciers subsistant dans les Pyrénées sont tous situés entre le Balaïtous à l'ouest et le Mont Valier à l'est.

Ceux situés en Espagne, sur le versant sud des Pyrénées, principalement dans les vallées de Tena, Ordesa et Bénasque, apparaissent au-dessus de 2 700 m d'altitude quand ceux situés en France, sur le versant nord, n'apparaissent qu'au-delà de 2 800 m.


Étude des glaciers pyrénéens


Les premières études relatives aux glaciers des Pyrénées remontent à la fin du XVIIIe siècle lorsque Louis Ramond de Carbonnières en publie des descriptions en 1789.

Ces études se poursuivent au cours des XIXe et XXe siècles avec en 1857, une couverture photographique des glaciers de la Maladeta par Aimé Civiale et en 1873, l'élaboration par Eugène Trutat d'une méthode de mesure à ce même glacier.

En 1891, sous l'impulsion du prince Roland Bonaparte, l'étude des glaciers alpins est étendue à celle de leurs équivalents pyrénéens.

En 1900, l'abbé Ludovic Gaurier commence une étude des glaciers[1] et lacs pyrénéens, prolongée de 1932 à 1964 par le service des Eaux et Forêts.


Cartographie


La cartographie des glaciers des Pyrénées est amorcée dès le milieu du XIXe siècle avec l'établissement des premières cartes d'état-major.

Dès la fin de ce siècle, le géographe Franz Schrader en entame la cartographie complète et publie, en 1914, une carte au 1/20 000e des massifs de Gavarnie et du Mont-Perdu.


Évolution



Préhistoire

Carte des glaciers pyrénéens à la dernière glaciation
Carte des glaciers pyrénéens à la dernière glaciation

Il y a 30 000 ans environ, au Maximum würmien, on estime que la surface couverte par des glaciers, pour les seules Pyrénées espagnoles, excédait les 300 km de long et commençait à environ 700 m d'altitude[2]. Sur le versant français, les grandes vallées méridiennes abritaient des glaciers de plusieurs dizaines de kilomètres de long (75 km pour le glacier de la Garonne, 70 pour le glacier de l'Ariège et environ 60 km pour le glacier du gave de Pau) dont les fronts débordaient sur le piémont, vers 400 m d'altitude. Les Arres d’Anie étaient recouvertes d’un glacier de plateau de 45 km2, dont les langues de diffluence descendaient à 600 m en versant nord et à 1 100 m en versant sud[3]. La ligne d'équilibre glaciaire se situait entre 1 200 m et 1 800 m d'ouest en est, soit environ 1 500 mètres au-dessous de la ligne d'équilibre actuelle[4]. La chronologie précise de la déglaciation würmienne reste discutée, mais on estime que les grandes vallées étaient totalement et définitivement déglacées il y a environ 16 000 ans. Les glaciers ont néanmoins connu une progression rapide et temporaire lors de la période tardiglaciaire (Dryas récent), il y a 11 600 ans.


Époque historique

De 1550 à 1850, un faible refroidissement du climat de la Terre, appelé petit âge glaciaire entraîne une avancée des glaciers des Pyrénées. Depuis la fin de cette période, un recul général est observé, conséquence du réchauffement. Cependant, le recul a été entrecoupé de périodes de stagnation des fronts glaciaires parfois même de mini avancées. Les principales se seraient produites dans les années 1890, 1920, 1945 et 1970[5].

En 1876, lorsque Franz Schrader établit sa cartographie des glaciers pyrénéens, ceux-ci occupaient une surface proche de 2300 hectares. En 2007, cette même surface était d'environ 350 hectares.

Au cours des dernières décennies, la rapidité de la fonte a donc considérablement augmenté : la surface des glaciers pyrénéens s'est trouvée réduite de plus de moitié entre 1990 et 2007[5]. En outre, leur épaisseur diminue rapidement : d'1,5 mètre par an pour le glacier d'Ossoue, de presque 2 mètres en 2006 pour le glacier de la Maladeta[6]. Au cours des neuf années précédant 2011, ces deux glaciers ont perdu respectivement 13 et 10 m d'épaisseur[7]. Selon l'association Moraine qui fait des mesures depuis 2001 sur les glaciers français des Pyrénées, le glacier d'Ossoue a perdu plus de 27 mètres d'épaisseur entre 2001 et 2018[8]. L'ensemble des glaciers pyrénéens d'Espagne et de France qui représentaient une superficie de 23 km2 en 1850 n'en représentaient plus que 12,8 km2 en 1950 et 2,6 km2 en 2016[8].

Autre exemple parlant, la dernière cascade de séracs des Pyrénées, au glacier du Petit Vignemale, s'est effondrée à l'été 2007[9].

Si l'évolution actuelle se poursuit au même rythme, la disparition totale des glaciers des Pyrénées est prévue entre 2050 et 2070 selon les hypothèses. Avec la fonte des neiges éternelles et glaciers de la Cordillère Cantabrique, de la Sierra Nevada et du Système central au cours des siècles passés, l'Espagne serait ainsi libre de glace.

Étant en voie de disparition, les glaciers pyrénéens sont l'objet d'une attention particulière de la part des autorités espagnoles et françaises. En Espagne, ils furent déclarés Monuments naturels de la Communauté autonome d'Aragon en 1990[10]. L'aire protégée sur les versants espagnols est de 2 411 hectares qui comprennent les glaciers mais aussi les moraines formées par les glaciers au cours du temps.


Liste des glaciers pyrénéens


Voici, d'ouest en est, la liste de ces glaciers, dont la plupart sont en train de disparaître. Ceux ayant disparu ou étant réduits à l'état de simples névés sont en italique. Les surfaces données entre parenthèses ont été relevées entre 2000 et 2007[11].


Glaciers des Pyrénées françaises



Glaciers des Hautes-Pyrénées

Le glacier des Oulettes de Gaube (au centre) et le glacier du Petit-Vignemale (à gauche), en juillet 2005
Le glacier des Oulettes de Gaube (au centre) et le glacier du Petit-Vignemale (à gauche), en juillet 2005

Massif du Balaïtous


Vallée du Marcadau


Massif du Vignemale

Le glacier d'Ossoue en été
Le glacier d'Ossoue en été

Massif du Mont-Perdu

Le glacier du Taillon en juillet
Le glacier du Taillon en juillet

Massif du Néouvielle


Massif de la Munia


Vallée du Louron


Massif de Perdiguère

Seil de la Baque début septembre 2008
Seil de la Baque début septembre 2008

Massif du Mont-Valier


Glaciers des Pyrénées espagnoles


Le glacier du Mont-Perdu en juin
Le glacier du Mont-Perdu en juin

Massif du Balaïtous


Massif des Pics-d'Enfer


Massif du Vignemale


Massif du Mont-Perdu


Massif de la Munia


Massif de Perdiguère


Massif des Posets

Posets et Glacier de Paoules - fin septembre 2008
Posets et Glacier de Paoules - fin septembre 2008

Massif de la Maladeta

Le glacier de la Maladeta le 15 juillet 2006
Le glacier de la Maladeta le 15 juillet 2006
Le glacier de l'Aneto en novembre
Le glacier de l'Aneto en novembre

Les glaciers et les hommes


Plusieurs tragédies humaines ont eu lieu sur des glaciers pyrénéens. En voici quelques exemples :

Le 11 aout 1824, le guide Pierre Barrau de Luchon, vainqueur 8 ans plus tôt à la Maladeta, emmène des clients à ce pic. L’ascension se déroule bien et le groupe parvient au glacier de la Maladeta. Le glacier traversé, au pied du pic, une imposante rimaye les empêche d'atteindre le rocher. Barrau imprudent n'avait pas pris de cordes avec lui. Alors qu'il sonde quelques ponts de neige et qu'il pense en trouver un suffisamment solide pour passer, il s'élance. Le malheureux traverse la zone fragile et aussitôt, se fait engloutir par le glacier. Alors qu'il tombe, il s'écrie "Grand Dieu! Je suis perdu! Je me noie!". Les nombreuses tentatives pour récupèrer son corps n'eurent aucun succès. Cet accident va pendant plus de quinze ans ralentir la conquête du plus haut sommet des Pyrénées, l'Aneto. En 1931 (107 ans plus tard), les restes de Barrau furent retrouvés au pied du glacier, 1 100 mètres en contrebas de l'accident[13].

Le , le jeune chasseur Caubet, surnommé Pays Baché, disparait lors d'une partie de chasse à l'isard sur les pentes du Pic Long. Sans nouvelle de lui, une équipe est envoyée quatre jours plus tard sur les lieux du drame supposé. Là, ils s'aventurent sur le glacier est du Pic Long et découvrent des traces s'arrêtant net devant une crevasse. Comprenant que le pauvre Caubet avait chuté, ils tentèrent de récupérer le corps mais échouèrent en dépit de plusieurs tentatives. Le (28 ans plus tard), son corps fut retrouvé au niveau du front du glacier[14].

En 1954, un grimpeur espagnol expérimenté, Joaquin Lopez Valls, part escalader les parois du cirque des Tempêtes (massif de l'Aneto). Alors qu'il est en train d'escalader, un énorme bloc se détache de la paroi et entraine le grimpeur dans sa chute. Malgré plusieurs tentatives, les secours ne parviennent pas à retrouver son corps, pris au piège dans la rimaye du glacier. Durant les étés 2000 et 2001 (46 ans plus tard), des restes de Joaquin sont retrouvés par des randonneurs[15].

Le 9 mars 1974, Catherine Veron, une skieuse française, tombe dans une crevasse du glacier de l’Aneto alors qu’elle cheminait vers le col de Coronas. Cette année, il avait encore peu neigé et certaines crevasses n’étaient pas complètement rebouchées. La victime tomba dans l’une d’elles à la suite de la rupture d’un pont de neige. Malgré les efforts de la gendarmerie française et de l’an Guardia Civil pour descendre dans la crevasse, il fut impossible de remonter le corps. Ses restes apparaîtront finalement au front du glacier en 1992.


Annexes



Bibliographie



Liens externes


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Notes et références



Notes

  1. Il existe plusieurs glaciers situés plus au sud : le glacier du Calderone dans les Apennins, le glacier rocheux du Veleta dans la Sierra Nevada en Espagne et les zones glaciaires du Prokletije dans les Alpes dinariques.

Références

  1. Ludovic Gaurier, "Les glaciers des Pyrénées occidentales" - 1922
  2. Joaquín González Echegaray, Leslie G. Freeman, Le paléolithique inférieur et moyen en Espagne, Jérôme Millon, coll. « L'Homme des origines », sér. « Préhistoire d'Europe », no 6, Grenoble, 1998 (ISBN 9782841370641), p. 195 [lire en ligne]
  3. Calvet M., 2004. The Quaternary glaciation of the Pyrenees. In Ehlers J., Gibbard P. (eds.) : Quaternary glaciations - Extent and chronology, part I : Europe. Oxford, Elsevier, 488 p. : 119-128.
  4. Feuillet T., 2010. Les formes périglaciaires dans les Pyrénées centrales françaises : analyse spatiale, chronologique et valorisation. Thèse de doctorat, Université de Nantes, 399 p.
  5. Les glaciers des Pyrénées : Évolution récente
  6. La tendance à la fonte des glaciers s'accélère dans le monde, La Dépêche du Midi, 16 mars 2008.
  7. Glaciers pyrénéens - Les miroirs du climat, Pyrénées Magazine, no 133, janvier-février 2011.
  8. Laurence Fleury, « Les glaciers des Pyrénées ont la fièvre », Le Mag no 391, supplément à Sud Ouest, 28 septembre 2019, p. 4-9.
  9. Hautes-Pyrénées : le réchauffement génère le recul des glaciers, La Dépêche du Midi, 22 septembre 2007
  10. (es) Ley de declaración de Monumentos Naturales de los glaciares pirenaicos
  11. Inventaire des glaciers des Pyrénées en 2007
  12. Bourneton, « Clarabide (Lac de) » dans Le Dictionnaire des Pyrénées, Toulouse, Privat, , 923 p. (ISBN 2708968165).
  13. http://asso.moraine.free.fr/wordpress/wp-content/uploads/Bulletin_11.pdf
  14. http://asso.moraine.free.fr/wordpress/wp-content/uploads/Bulletin_02.pdf
  15. http://asso.moraine.free.fr/wordpress/wp-content/uploads/Bulletin_03.pdf

Voir aussi


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