Le Salève ou mont Salève est une montagne des Préalpes située dans le département de la Haute-Savoie, en France. On l'appelle aussi parfois le « balcon de Genève »[2],[3] car bien que situé intégralement en France, il est voisin de l'agglomération transfrontalière de Genève située au nord-ouest, la frontière passant au pied des falaises de l'extrémité nord de la montagne. Il offre l'un des points de vue les plus appréciés sur le canton de Genève et le Léman, étant facilement accessible par la route et par son téléphérique. Bien qu'appartenant d'un point de vue géologique au massif du Jura, ce crêt de calcaire plissé est rattaché aux Préalpes.
Salève | |
![]() Vue panoramique sur le Salève depuis la Suisse au nord-ouest. | |
Géographie | |
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Altitude | 1 379 m, Grand Piton[1] |
Massif | Préalpes |
Coordonnées | 46° 05′ 39″ nord, 6° 08′ 25″ est[1] |
Administration | |
Pays | ![]() |
Région | Auvergne-Rhône-Alpes |
Département | Haute-Savoie |
Géologie | |
Âge | Jurassique à Éocène |
Roches | Calcaire, marne et rare grès |
Type | Mont, crêt |
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« Salève » est un oronyme dérivant des mots latins salire et saliens signifiant « sauter », « sortir », « jaillir » et désignant un saillant, une hauteur formant saillie, un promontoire rocheux[4]. Selon Paul Guichonnet, la racine indo-européenne *sal désigne une pente à éboulis[5].
La montagne est mentionnée dès le IVe siècle avec Monte Seleuco, puis au XIIe siècle avec Salevus mons. C'est au siècle suivant qu'il semble prendre sa forme actuelle avec Mont Salevus[6], puis au XIVe siècle avec Montis de Salevu[4].
La forme Seleuco montre qu'il s'agit d'un toponyme d'origine gauloise. Dans la langue celtique continentale, le suffixe co est une dérivation qui forme un nom de lieu[7],[8]. Les Gaulois vénéraient une déesse Sulevia[9] dont le nom est un composé su-leuia avec su- « bon » et -leuia « conductrice » ou « gouvernante ». Seleuco pourrait donc être le domaine de Suleuia (Su-leuia-co). « Collines et montagnes sont souvent, chez les peuples traditionnels, la demeure des dieux[10]. » Il existe une autre possibilité : Seleuco pourrait être une dérivation en -co du mot gaulois désignant le troupeau[11], selua. Dans ce cas Seleuco serait « le lieu où il y a le troupeau », « le pâturage ».
Géographiquement, le Salève est une montagne des Préalpes située dans le département de la Haute-Savoie, mais elle appartient géologiquement à la chaîne du Jura, au même titre que le Vuache.
En contrebas du versant nord du Salève se trouve l'agglomération suisse de Genève. Il est au centre d'un vaste territoire où vivent plus de sept-cent mille personnes. Il est entouré par les autoroutes françaises A40, A41 et A410.
Le Salève offre un panorama sur l'agglomération genevoise, le Léman, le sud du massif du Jura, les Préalpes, le lac d'Annecy et le mont Blanc.
Le Salève s’étend sur 21 kilomètres de longueur entre Étrembières au nord et le pont de la Caille au sud. Il est régulièrement orienté du nord-est au sud-ouest, et il est constitué de trois parties d’inégales longueurs, séparées par deux dépressions : le Petit Salève qui culmine à 899 mètres d'altitude au Camp des Allobroges, le Grand Salève qui culmine à 1 309 mètres d'altitude et le massif Pitons-Plan[12] parfois appelé Salève des Pitons ou simplement Les Pitons[13]. Ce dernier massif culmine au Grand Piton (1 379 mètres) et comporte trois autres sommets nommés : la pointe de la Piollière (1 349 mètres), le Petit Piton (1 369 mètres) au nord[12] et la pointe du Plan au sud (1 349 mètres)[12],[13]. Entre le Petit et le Grand Salève, le vallon de Monnetier a une altitude de 684 mètres et entre le Grand Salève et le massif des Pitons, le col de la Croisette s’élève à 1 175 mètres et est franchi par la route départementale 45[14].
Le Salève correspond à un pli anticlinal déjeté vers le nord-ouest et chevauchant au milieu bassin d'avant-pays nord alpin[15],[16],[17]. Mais l'identification d'un réseau de failles longitudinales le long du flanc sud-est notamment[18] permet de considérer que le soulèvement du Salève résulte de l'action de failles de type « pop-up »[19],[note 1]. Le Salève sépare au nord le bassin molassique franco-genevois (affilié au bassin molassique suisse) et le plateau molassique des Bornes (affilié au bassin savoyard) au sud. À l'image du massif du Jura, il résulte du décollement puis du charriage des couvertures sédimentaire du domaine jurassien vers le nord à la suite du chevauchement des massifs cristallins externes sur le socle du Jura au Miocène[20],[21]. Le décollement s'est effectué le long d'une faille normale enracinée dans les couches triasiques qui a joué en sens inverse au cours de la collision alpine. Le raccourcissement de la couverture sédimentaire est estimé entre 2,5 à 3 km[22]. Les couches du flanc oriental du Salève forme une pente structurale qui plonge sous la molasse du plateau des Bornes mais leur prolongation vers le sud-est est contrarié par des accidents longitudinaux, forçant les calcaires urgoniens de la formation de Vallorbe à former des plis coffrés ou kinks[18]. Le long du versant occidental, elles forment un pli déjeté et faillé en grande partie démantelé. La moitié supérieure constituent des falaises où les bandes de végétation définissent des intervalles à dominante marneuse qui délimitent des alternances entre des couches calcaires. Sur la moitié inférieure, les couches sont subverticales à renversées et plongent sous le bassin molassique franco-genevois en constituant le flanc renversé du pli.
Le Salève ainsi que les chaînons latéraux tels que la montagne de la Mandallaz appartiennent au domaine jurassien. Ils se caractérisent par des séries calcaires de plateformes d'âge mésozoïque. Contrairement au massif des Bornes appartenant au domaine helvétique, le domaine jurassien comporte des faciès marins peu profonds à littoraux. Au Salève, les séries affleurantes se répartissent entre la formation des Etiollets (calcaires de Tabalcon) du Kimméridgien (Jurassique supérieur) et la formation de Vallorbe du Hauterivien - Aptien (Crétacé inférieur)[23],[24],[25]. À la suite de la mise en place du bassin d'avant-pays nord alpin et le passage du bourrelet frontal, le sommet de la série stratigraphique a émergé puis la formation de Vallorbe a été transformé en karst entre le Crétacé tardif et le Paléogène[26]. Ce sommet fut ensuite recouvert et les karsts comblés par le grès sidérolithique à l'Éocène. Cette unité correspond à des dépôts fluviatiles à dominante quartzeuse (quartzarénite) et présentant localement une forte concentration en fer (d'où le terme sidérolithique) qui leur confère une teinte rougeâtre[26],[27],[28]. Ces grès ont été par ailleurs exploités à partir du Ve siècle aux rochers de Faverges pour la production de métal à partir de l'extraction du fer[29]. Des dépôts alluvionnaires ont ensuite rempli des dépressions lacustres que l'on rencontre uniquement sur le flanc sud-est (poudingues de Mornex notamment)[18],[27],[28],[30]. Enfin la formation de Vallorbe, les grès sidérolithiques et les dépôts lacustres sont recouverts par la molasse dont seule subsiste la molasse rouge auct[15] (aussi dénommée « Marnes et Grès bariolés ») qui daterait du Chattien[31] (Oligocène). Par ailleurs, quelques blocs erratiques au sommet du Salève témoignent du passage du glacier du Rhône lors de la glaciation de Riss au Grand Salève et du glacier de l'Arve au Petit Salève lors du maximum de la glaciation de Würm[32],[33].
Une partie des karsts a continué à se développer sous l'effet de l'érosion météorique. Ainsi à l'image du massif du Jura, le Salève comporte plusieurs grottes et autres cavités associées au système karstique (Tanne à Damon, grotte d'Orjobet, grotte des faux-monnayeurs, Trou de la Tine), voire résultant de l’effondrement de blocs au pied du flanc occidental (grotte de Sous-Balme). La montagne est entaillée de plusieurs gorges étroites et profondes, dont la Petite et la Grande Gorge. Parmi ces dernières, la Grande Varappe a donné son nom, à la fin du XIXe siècle, à ce terme relatif à la pratique de l'escalade. Une intense activité se développe sur ce flanc abrupt à l'époque où cette discipline n'en est qu'à ses balbutiements. Ces gorges traduisent la présence plusieurs failles décrochantes senestres orientées sud-est - nord-ouest. Ces plans de décrochement se poursuivent vers le sud-ouest au travers de la montagne de la Mandallaz jusqu'à la faille du Vuache.
Le vallon de Monnetier, qui sépare le Petit et le Grand Salève, est dû à l'érosion glaciaire. Actuellement les géologues pensent que le vallon de Monnetier a été creusé par le courant sous glacier dans une zone fissurée entre le Petit et le Grand Salève et non par l'Arve.
Le Salève est habité par des sangliers, des blaireaux (appelés localement tassons), des chevreuils ou encore des chamois. Le loup a par ailleurs été observé et filmé pour la première fois sur le Salève en mars et avril 2012[35]. Enfin, il existe des indices concernant la présence de lynx[36].
Les forêts du Salève sont principalement composées de châtaigniers, chênes, pins sylvestres, épiceas, hêtres, charmes et érables[réf. nécessaire].
Il a abrité, entre 10 000 et 12 000 ans av. J.-C., un site magdalénien[37]. À partir de 1833 le médecin genevois François Isaac Mayor, puis le pasteur Taillefer et le dentiste Thioly explorent le passé de la montagne ; la falaise en limite de Veyrier, côté français, se révèle avoir été un abri. Ossements (perdrix, rennes, cheval, marmottes...), silex et bois gravé sont retrouvés en une douzaine d'endroits, grotte, abris ou habitat. Un dolmen était à Aiguebelle.
Lors du Néolithique et de l'âge du bronze, l'habitat devient plus sédentaire (Bossey, Chaffardon). Un oppidum est élevé (-1000) sur l'éperon du petit Salève, face au mont Vuache. Sur les cartes topographiques IGN le sommet (899 m) du Petit Salève est d'ailleurs nommé Camp des Allobroges.
En , la tour des Pitons, point culminant du Salève à 1 379 mètres, est construite par le notaire et administrateur Claude-François Bastian (1764-1838).
La grande carrière de roche calcaire est exploitée depuis les années 1830.
Le Grand Salève fut desservi de 1892 à 1935 par le chemin de fer du Salève, le premier train à crémaillère électrique au monde[38]. Il y eut deux lignes : la ligne Étrembières - Monnetier - Treize-Arbres[39] ouverte en décembre 1892, qui contournait le Petit Salève par l'est, puis la ligne directe et beaucoup plus pentue Veyrier-Monnetier, ouverte le 24 mars 1894. Ce train servait principalement au tourisme, mais permettait également de desservir l'Observatoire du Salève (1913).
La première ascension du Salève par un engin motorisé est réalisée le par Henri et Armand Dufaux sur deux motocyclettes Motosacoche dont ils sont les concepteurs[40]. La presse est convoquée pour assister à l'évènement dans le but de démontrer la fiabilité et l’efficacité de leur invention sur la route empierrée reliant Étrembières à la station des Treize-Arbres. Malgré une pente oscillant entre 12 et 20 %, ils atteignent sans effort leur destination.
La première traversée du Salève en voiture est effectuée en par un équipage de cinq personnes, dont une femme, de la Société genevoise d’automobiles (SAG) à bord d'une voiture de marque Pic-Pic 20/24 HP[41]. L'épreuve destinée à évaluer l’endurance de leurs véhicules sur un sol accidenté et rocailleux consistait à rallier Mornex à Saint-Blaise via Grande-Gorge, La Croisette, les Pitons et La Thuile. Plus tard, la section genevoise du Touring Club Suisse, avec le soutien du syndicat d’initiatives du Salève, organise en une course auto/moto entre Monnetier et les Treize-Arbres. La foule se masse le long de la route et un grand banquet réunissant 200 personnes est organisé au buffet des Treize-Arbre pour clôturer l'épreuve. Ces courses se poursuivent durant quelques années.
Entre 1925 et 1931 est construite la route menant de Monnetier-Mornex à la Croisette par les crêtes du Grand Salève[réf. nécessaire].
Depuis 1932 le Grand Salève est également accessible par un téléphérique (reconstruit en 1983). La station supérieure du téléphérique, située à 1 100 mètres, est l'œuvre de l'architecte suisse Maurice Braillard[réf. nécessaire].
En est ouverte la Maison du Salève dans l'ancienne ferme de Mikerne, datant de 1733[réf. nécessaire].
Plusieurs carrières ont été exploitées sur le Salève pour extraire des pierres. Une carrière de roche calcaire est particulièrement visible depuis Genève. Elle est en exploitation depuis les années 1830. Elle s'étend au maximum sur 57 hectares depuis 2003, avec 250 mètres de dénivelé, au bas des pentes du Salève, sous le passage du téléphérique, dans les communes d'Étrembières et Bossey. Vers 2016, elle produisait 500 000 tonnes par année, livrées aux proches alentours à 70 % en France et 30 % en Suisse. Les pierres du Salève ont servi à bâtir de nombreux bâtiments en pierre à Carouge[42].
Le Syndicat mixte du Salève a été créé en 1994[43] et regroupe 19 communes haut-savoyardes (60 000 hab.) sur lequel s'étend le massif du Salève. Son objectif est de valoriser et de protéger le massif, qui est une « île préservée » au centre d'un territoire franco-suisse fortement urbanisé avec plus de sept cent mille habitants.
Le syndicat ouvre, en septembre 2007, la Maison du Salève dans l'ancienne ferme de Mikerne[44], datant de 1733. Ce centre d'interprétation et de documentation présente le massif sous tous ses aspects : histoire, patrimoine, nature, sports et loisirs. La même année, il met en œuvre la « charte de développement durable » du Salève visant à concilier la préservation du massif avec l'accroissement de sa fréquentation, avec une vision à trente ans. Cette maison propose une exposition permanente, des expositions temporaires et un programme de visites guidées, sorties et conférences sur les thèmes du patrimoine local et de l'environnement.
Le Syndicat associe à ses trois groupes de travail — agriculture et alpages, tourisme et loisirs, accès et transports — tous les usagers du Salève (communes, associations sportives, de protection de la nature, restaurateurs, paysans, chasseurs, offices du tourisme...)
Terrain de loisirs par excellence des Genevois de par sa proximité de la cité (à tel point qu'on entend souvent parler à son propos de « montagne des Genevois »[réf. nécessaire]), on y pratique l'escalade, la randonnée pédestre et à skis, le mountain bike et le VTT, le parapente, le deltaplane, l'aéromodélisme, le cerf-volant, la spéléologie ainsi que le ski au col de la Croisette.
Le sentier du Pas de l'Échelle est un sentier historique, d'une longueur de 15 km, existant depuis au moins le XIVe siècle (il est cité en 1320), et initialement connu sous le nom de scalam de Munetier[45]. Son nom proviendrait d'une erreur de traduction de scalam qui signifie en latin « escalier » ou « échelle » et aurait dû être nommé « Pas de l'Escalier ». Le sentier débute à Étrembières (430 m d'altitude) en passant par Monnetier-Mornex (750 m) où il croise le tracé de l'ancien Chemin de fer du Salève. Il permet ensuite de rejoindre la gare haute du Téléphérique du Salève. Dans ses parties les plus raides, des marches sont directement taillées dans la roche d'où le sentier tirait son nom. Il était auparavant emprunté par les paysans du Salève qui allaient vendre leurs produits sur les marchés de Genève et fut ensuite un passage privilégié pour les premiers touristes. De nombreux écrivains et scientifiques l'ont emprunté dont Alphonse de Lamartine en 1820 qui le cite dans ses souvenirs.[réf. nécessaire]
La balade du Grand Piton (8,5 km, 627 mètres de dénivelé positif) est une des randonnées balisées classiques du Salève. Le point de départ se situe derrière l'église du village de Beaumont, passe au-dessus de la chapelle de Notre-dame de l'Espérance, puis par le sentier forestier en lacets de la Grande Paroi jusqu'à la ferme de la Thuile, un ancien alpage des Chartreux de Pomier. Après avoir rejoint les Petits Pitons et son parking, un court sentier mène au Grand Piton[46].
Le Salève est un lieu historique dans l'histoire de l'escalade, puisque le terme « varappe », qui fait désormais partie du langage courant, est directement tiré du nom de deux couloirs rocheux du Salève, la Grande Varappe et la Petite Varappe[47],[48].
Entre 1975 et 2005, l'observatoire accueille l'arrivée de la montée du Salève[49].
Le trail du Salève a lieu chaque année au mois de mai depuis 2007.[réf. nécessaire]
L'hiver, des pistes de ski de fond sont tracées sur le plateau du Salève, à partir de la Croisette[réf. nécessaire].
Le Tour de France cycliste est passé quatre fois par le Salève, classé en première catégorie. En 1973, sur l'étape Divonne-les-Bains - Gaillard, Luis Ocaña passe en tête, remporte l'étape et endosse le maillot jaune[50]. La course repasse par le Salève en 1974, en 1981 et en 1992.
« Le Salève, les monts du Jura et les Alpes de Savoie en renvoyaient l’écho ; des éclairs brillants éblouissaient mes regards, et illuminaient le lac qui ressemblait à une immense nappe de feu. »
« Je pensai à poursuivre le démon ; mais c’eût été en vain, car un autre éclair me le découvrit s’accrochant aux roches de la montée presque perpendiculaire du Salève, montagne qui sert de limite sud à Plainpalais. »
« Qui pourrait arrêter un être capable d’escalader les flancs escarpés du mont Salève ? »
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« Te souviens-tu du jour où gravissant la cime
Du Salève aux flancs azurés,
Dans un étroit sentier qui pend sur un abîme
Nous posions en tremblant nos pas mal assurés?
Tu marchais devant moi. Balancés par l'orage,
Les rameaux ondoyans du mélèze et du pin,
S'écartant à regret pour t'ouvrir un passage,
Secouaient sur ton front les larmes du matin ;
Un torrent sous tes pieds s'écroulant en poussière,
Traçait sur les rochers de verdâtres sillons,
Et, de sa blanche écume, où jouait la lumière,
Élevait jusqu'à nous les flottans tourbillons.
Un nuage grondait encore
Sur les confins des airs, à l'occident obscur,
Tandis qu'à l'orient le souffle de l'aurore
Découvrait à moitié d'un ciel limpide et pur,
Et dorait de ses feux la voile qui colore
Des vagues du Léman l'éblouissant azur !
Tout à coup sur un roc, dont tu foulais la cime,
Tu t'arrêtas : tes yeux s'abaissèrent sur moi ;
Tu me montrais du doigt les flots, les monts, l'abîme,
La nature et le ciel... et je ne vis que toi !...
Ton pied léger semblait s'élancer de sa base ;
Ton œil planait d'en haut sur ces sublimes bords ;
Ton sein, oppressé par l'extase,
Se soulevait sous ses transports,
Comme le flot captif qui, bouillant dans le vase,
S'enfle, frémit, s'élève et surmonte ses bords.
Sur l'angle d'un rocher ta main était posée ;
Par l'haleine des vents goutte à goutte essuyés
Tes cheveux trempés de rosée,
Distillaient lentement ses perles à tes piés.
Des cascades l'écume errante
Faisait autour de toi, sur un tapis de fleurs,
De son prisme liquide ondoyer les couleurs,
Et, d'une robe transparente,
Semblait t'envelopper dans ses plis de vapeurs !
Tu ressemblais.... Mais non, toute image est glacée.
Rien d'humain ne saurait te retracer aux yeux ;
Rien..... qu'une céleste pensée,
Qui, durant un songe pieux,
Sur ses ailes de feu dans les airs balancés,
Et du sein d'un cœur pur vers Dieu même élancée,
S'élève, et plane dans les cieux !
Je te vis ; je jurai de consacrer la trace
De ce trop rapide moment,
Et de graver ici ton nom...... Ta main l'efface
De ce fragile monument.
Un jour, quand je te verrai lire
Ces vers dont un regard est le seul avenir,
Si tes yeux attendris ne peuvent retenir
Une larme aux sons de ma lyre,
Ah ! qu'au moins tu puisses te dire :
« Ces chants qui m'ont ému, c'est moi qui les inspire,
» Et sa muse est mon souvenir ! » »
« Du creux de la roche moussue
La petite source jaillit.
Du Grand-Salève elle est issue
Et deux brins d’herbe font son lit.
Dans l’ombre on l’entend qui bégaie
Comme un enfant sur les genoux,
Bientôt plus forte elle s’égaie
Et s’amuse avec ses cailloux.
Elle brode de cascatelles
Les blocs à remuer trop lourds,
Comme l’on coudrait des dentelles
Sur une robe de velours.
Les filles de la flore alpestre,
Prenant le frais près de ses eaux,
Écoutent son joyeux orchestre
Soutenant le chant des oiseaux.
De tous les coins de la montagne
Elles s’y donnent rendez-vous,
Chacune amène sa compagne
Et les baisers y sont plus doux.
On n’a que quatre pas à faire
Pour trouver au bord du Ruisseau
Le cyclamen que Sand préfère
Et la pervenche de Rousseau. »
Le mont Salève figure dans la première peinture de l'histoire de l'art comportant un paysage réaliste : il s'agit de La Pêche Miraculeuse de Konrad Witz réalisé en 1444. On y voit en arrière-plan les Voirons à gauche, le Môle au centre, et le début de l'arête nord du Petit Salève à droite, vus depuis Genève ; derrière cette dernière arête on distingue même le sommet du mont Gosse.
Le Salève est un des lieux dans lesquels se situe l'action de l'épisode 4 Cessez le feu de la saison 5 de la série MacGyver. C'est là que doit être signé un accord de paix entre les Azmirs et les Samadiens. L'épisode a en réalité été tourné au mont Grouse, au nord de Vancouver au Canada.
Henri Kling, corniste et compositeur suisse d'origine allemande, installé à Genève, composa en 1877 Le Salève, poème symphonique.
Lors d'un séjour à Genève en 1932, Joseph Kessel écrit un article dans Le Messager sur le téléphérique du Salève, inauguré deux mois auparavant[52].
Lors d'un séjour en Haute-Savoie en 1949, le commandant suprême Bernard Montgomery quitte Chamonix où il est fait citoyen d’honneur de la ville pour se rendre au château de Beauregard, son lieu de villégiature. Sur le trajet, il décide de faire escale au Salève[53]. Il se rend à la gare d'arrivée téléphérique du Salève où il pique-nique en compagnie d’un officier anglais, de deux officiers français et de huit soldats. Il visite les installations du téléphérique puis profite de la vue depuis la terrasse avant de repartir vers Monnetier, où il fait une courte halte, avant de rejoindre Mornex où il se sépare de son escorte.
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