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Les landes de Lanvaux constituent une région naturelle bien individualisée du département du Morbihan, appartenant au Massif armoricain. C'est un ensemble géographique dont l'aspect a évolué dans le temps en fonction des usages et de l'évolution des techniques de production. C'est notamment la modernisation de l'agriculture qui a contribué à des remaniements par la division des terrains communaux.

Landes de Lanvaux

Carte des landes de Lanvaux dans le Morbihan.
Géographie
Altitude 175 m
Massif Massif armoricain
Longueur 70 km
Largeur km
Superficie 220 km2
Administration
Pays France
Région Bretagne
Département Morbihan
Géologie
Roches Granites

Géographie



Hydrologie et topographie


Des rivières comme la Claie au nord, l'Arz au sud, ont creusé des sillons dans les roches tendres parallèles à la crête dont le sommet est aplati. Les landes de Lanvaux culminent à 175 mètres à l'ouest de Colpo pour une altitude moyenne de 120 à 150 mètres au centre tectoniquement surélevé, mais seulement de 60 à 100 mètres à l'est[1].


Géologie


Les landes de Lanvaux forment une crête schisteuse rectiligne, longue de 70 kilomètres, et s'étendent du pays forestier de Camors à l'ouest aux environs de Redon à l'est. Cette crête correspond à une bande de granito-gneiss[2], large de 3 à 5 kilomètres, qui va du coude du Blavet à l'ouest à la cluse de l'Oust, appelée l'île-aux-Pies, située entre Glénac et Saint-Perreux, à l'est.

De nombreuses petites carrières d'extraction jalonnent les hauteurs : extraction de pierre ou de terre.


Paysage



Définition selon l'Atlas des paysages du Morbihan

L'Atlas des paysages du Morbihan[3] étend la définition des landes de Lanvaux bien au-delà de la crête centrale, nommée dans cet ouvrage « Monts de Lanvaux ». Les landes de Lanvaux y dessinent grossièrement un triangle dont les sommets sont occupés par Guer, Allaire et Baud. Cette vaste zone est subdivisée en huit unités paysagères, dont les deux situées au nord-est sont séparées des six autres par la vallée de l'Oust.

Son relief est marqué par une succession de crêtes globalement orientées est-ouest, ponctuée de vallées fluviales. Malgré la caractérisation d'unités paysagères plus réduite, le paysage des landes de Lanvaux demeure peu contrasté sur l'ensemble de son espace géographique. Ce paysage est marqué par de nombreux boisements, où dominent les conifères, davantage situés sur les crêtes, entrecoupés par des champs de cultures agricoles, davantage représentés dans les vallées. Les landes, qui ont donné leur nom au territoire, sont en revanche de moins en moins présentes sur le territoire, du fait de l'évolution des pratiques agricoles et de l'évolution des forêts.


Unités paysagères

Au nord-est, séparées par la vallée de l'Oust, se situent les unités des « Monts de Caro » et des « Campagnes de l'Aff ». À l'ouest, et du nord au sud, se rencontrent les unités suivantes :


Végétation


Le mont Hersé, à Saint-Congard.
Le mont Hersé, à Saint-Congard.

Il s'agit d'un territoire de lande, c'est-à-dire un espace où la culture n'est pas majoritaire pour des raisons pédologiques, telles que l'acidité du sol. Ainsi, ce sont des terres incultes, ou bien des pâtures, des espaces boisés. En revanche, bien que non propices à l'agriculture, les terres de landes sont exploitées et modifiées par la cueillette, le ramassage, le pâturage. Toutes ces pratiques façonnent le paysage de la lande.

Dans leur partie centrale, les landes de Lanvaux ont gardé leur paysage traditionnel où dominent les genêts et les bruyères. Des boisements en résineux, la mise en culture récente de certaines terres ont changé l'aspect d'un pays autrefois pauvre et désolé[1].

Le terme de « landes » attribué à cette région désignait simplement de mauvaises terres, de moindre intérêt agronomique, considérées comme des contrées tristes et désolées, sans qualité paysagère et au statut d’une terre traditionnellement « à l’abandon »[4].


Biodiversité


Les landes de Lanvaux constituent une zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique, c'est-à-dire qu'il s'agit d'un site avec une diversité écologique, abritant une biodiversité patrimoniale[5].


Histoire



Néolithique


L'aspect désolé traditionnel des landes de Lanvaux est peut-être l'héritage des défrichements néolithiques[6].

De nombreux mégalithes ponctuent les landes de Lanvaux et témoignent d'une fréquentation des lieux dès la Préhistoire[7].


Moyen Âge


La baronnie de Lanvaux est l'une des plus anciennes de Bretagne ; les seigneurs de Lanvaux siègent aux États de Bretagne. Un livre de Jean-Marie Guilloux publié en 1896 relate l'histoire de la baronnie de Lanvaux[8]. Alain de Lanvaux est le premier baron de Lanvaux connu en , mais la baronnie existait antérieurement. Il a fondé l'abbaye de Lanvaux dont les moines cisterciens ont contribué aux premiers défrichements. Les religieux ont le droit d'usage dans la forêt de Lanvaux, c'est un privilège qui leur est octroyé[9].

Dans le système social du Moyen Âge, toute terre appartient au seigneur mais les landes appartiennent aux réserves, c'est-à-dire à ce que le seigneur garde sous sa dépendance directe, tout comme le château, les marais, les cours d'eau et les bois qui sont libres d'accès et permettent d'y prélever du bois de chauffe, la glandée pour les porcs et le pâturage du bétail. Ce sont les bois et les landes qui constituent les communs.


Époque moderne


La partie occidentale des landes de Lanvaux, autour de Brandivy, en 1789 sur la carte de Cassini.
La partie occidentale des landes de Lanvaux, autour de Brandivy, en 1789 sur la carte de Cassini.
Les landes de Lanvaux, dans Le Tour du monde en 1904.
Les landes de Lanvaux, dans Le Tour du monde en 1904.
Les landes de Lanvaux indiquées sur une carte de 1883.
Les landes de Lanvaux indiquées sur une carte de 1883.

Le bois d'œuvre : construction navale

La surexploitation forestière est provoquée par les besoins de la construction navale vannetaise et lorientaise et aggravée par l'activité éphémère des forges de Lanvaux et Pontcallec[6].


Des terres communes : pâturage, cueillette et étrépage

Durant la période de l'Ancien Régime, les landes couvrent plus de la moitié du sol tandis que les terres cultivables sont rares et liées par des baux précis au seigneur. Les habitants ne peuvent pas aliéner les communs, tout partage en est interdit. En effet, la jouissance immémoriale des landes ne permet pas aux usagers de revendiquer un droit particulier d'après l'article 393 de la Coutume de Bretagne. De plus, les landes destinées à la pâture ne peuvent pas être défrichées. Une tolérance fait que le seigneur ne peut pas porter atteinte à l'usage des communs de sa seigneurie[10].

Les terres labourables sont donc utilisées par les paysans en échange de services rendus ou de rentes versées, tandis que l'élevage pour leur consommation personnelle dépend directement des terres communes. Les landes servent avant tout de pâturage. Mais c'est aussi un espace de récolte et de cueillette pour le bétail. Les bruyères, les fougères et les feuilles servent pour la litière. Les ajoncs, le genêt, le fragon, le houx, une fois hâchés, servent de fourrage. C'est la lande qui fournit l'essentiel des matières premières permettant l'élevage lorsque les paysans ne sont pas propriétaires de terres en quantité suffisante pour subvenir aux besoins des animaux[11].

L'étrépage est une pratique qui avait cours jusqu'à la modernité apporté par le modèle agricole breton des années 1950, aussi appelée étorpeu en gallo. L'activité consiste à arracher la surface des landes composée d'ajonc, principalement afin de constituer de la litière pour les animaux domestiques et former ainsi un engrais.


Disparition progressive des terrains indivis

L'afféagement des landes, qui consiste à taxer le droit d'entrée et d'usage, puis la céder à des roturiers, prend sa source au XVIIIe siècle alors que le roi tente de réduire le pouvoir des seigneurs locaux. Les afféagistes peuvent alors enclôre leur portion de lande. Cette situation provoque des débordements de paysans qui continuent par exemple à faire paitre leur bétail dans les parcelles afféagées, certains arrachent les bornes, comblent les fossés, abattent les haies. Certains s'en prennent directement aux biens du seigneur lui même, son château par exemple[12].

Plusieurs lois tentent d'organiser la répartition des landes, jusqu'à ce que le système semi-collectif et extensif d'exploitation des landes soit remplacé par un système individuel pouvant être plus intensif. En 1858, les landes particulières représentent 560 000 parcelles, soit environ 249 000 ha[13].

L'appropriation de milliers d'hectares de terrains vagues indivis aussi qualifiés de communaux, soutenu par l'administration préfectorale au nom du « progrès », souleva l'hostilité d'une bonne partie de la population locale qui craignait de perdre les droits d'usage des landes. Les partages, imposés, furent faits selon des critères variables selon les communes : à Molac, la famille de Sivry parvint à s'approprier les deux-tiers des communaux ; à Pleucadeuc, en 1868, un partage égalitaire en 450 lots de 1,95 ha prévalut ; à Pluherlin les terres furent partagées uniquement entre ceux qui payaient un certain montant d'impôts et proportionnellement aux biens possédés[14].


Défrichement et développement des cultures fourragères

Les paysans ont commencé à réellement prendre part aux défrichements et mises en culture des landes lorsque cela était compensé par une amélioration des cultures fourragères. Mais cela était rendu possible par des évolutions techniques qui ont mis du temps à se mettre en place, car cela a induit un changement dans le modèle de production. Le défrichage des landes se faisait plutôt en hiver, deux ou trois personnes par ferme. L'opération commençait par l'étrépage, c'est-à-dire le prélèvement de la couche superficielle à l'aide d'une étrèpe. Puis le sol était labouré à la houe, à l'aide également d'une barre à mine pour en extraire les nombreuses pierres. Cette méthode permettait de défricher environ un are par journée. Ensuite était semé du froment ou du blé noir[15].

Le défrichement s'est d'abord accéléré avec l'introduction des méthodes agronomiques nouvelles mises en place au sein des écoles supérieures d'agronomie qui se généralisent à la même période, notamment celle de Roville. Il s'agit de remplacer l'usage des landes en vaine pâture, par une culture plus systématique de fourrages (prairie permanente et choux fourrager) accompagnés d'amendements calcaires (chaux, moerle, sables calcaire). Ainsi les paysans deviennent moins dépendant des landes pour l'élevage du bétail. En 1733 les landes représentent 48 % des sols utilisés tandis qu'en 1955, leur utilisation tombe à 18 %[16].

Ce sont de grands propriétaires, nobles ou bourgeois, d'origine locale ou étrangère à la région, tels que l'agronome Jules Rieffel et Élisa Napoléone Baciocchi, qui ont contribué, dans la deuxième moitié du XIXe siècle à la transformation des landes de Lanvaux. Ils multiplièrent les plantations de pins alimentant les scieries locales et, plus encore, l'exportation de poteaux et de bois favorisées par les nouvelles lignes de chemins de fer (Ploërmel-Questembert, Pontivy-Auray). En même temps ils fondèrent de grandes exploitations d'un seul bloc autour d'une solide ferme de granite plus cossue que les fermes traditionnelles. Le progrès agricole a favorisé la croissance démographique : au début du XXe siècle on compte plus de 50 habitants au km² dans cette région de réputation sinistre[6].


Seconde Guerre mondiale


L'occupation allemande, la collaboration et la Résistance dans les landes de Lanvaux pendant la Seconde Guerre mondiale est décrite par l'historien Olivier Porteau[17].


Tourisme


De nombreux villages ont un intérêt touristique : Plescop, Saint-Avé, Saint-Nolff, Plaudren, Grand-Champ, Locmaria-Grand-Champ, Treffléan, Sulniac, Brandivy, Colpo, Elven, Trédion, Locqueltas, Monterblanc, Meucon, etc.[réf. souhaitée]


Notes et références


  1. Article de Max-André Brier in Guide des merveilles naturelles de la France, Sélection du Reader's Digest, 1973, p. 293.
  2. Michel Colin et Michèle Elsair, « Carte géologique », dans Atlas des paysages du Morbihan, (lire en ligne).
  3. CAUE du Morbihan (dir.), « Reliefs des Landes de Lanvaux », sur Atlas des paysages du Morbihan, (consulté le )
  4. L’ensemble de paysages des Reliefs des Landes de Lanvaux, Atlas des paysages du Morbihan.
  5. ZNIEFF 530014743 - Landes de Lavaux, INPN.
  6. Gérard Couvreur et Gilbert Le Guen, La Bretagne, Guides géographiques régionaux, Masson, 1990.
  7. Philippe Gouezin, Les mégalithes des Landes de Lanvaux, Bretagne Culture Diversité, décembre 2016.
  8. Jean-Marie Guilloux, « Baronnie de Lanvaux », (consulté le ).
  9. Maud Sallansonnet et Madeline Hautefeuille (dir.), « Archives de l'abbaye de Lanvaux (ordre de Cîteaux) : présentation du fonds », sur Patrimoine et archives du Morbihan
  10. Bernard Geffroy et Hugues Lamarche 1978, p. 233.
  11. Bernard Geffroy et Hugues Lamarche 1978, p. 234.
  12. Bernard Geffroy et Hugues Lamarche 1978, p. 235-236.
  13. Bernard Geffroy et Hugues Lamarche 1978, p. 238.
  14. Alfred Le Quer 1952.
  15. Bernard Geffroy et Hugues Lamarche 1978, p. 237 à 239.
  16. Bernard Geffroy et Hugues Lamarche 1978, p. 239.
  17. Olivier Porteau, Ruralité et Résistance civile au pays des Landes de Lanvaux, 1940-1944, En Envor (revue d'histoire contemporaine en Bretagne).

Voir aussi



Bibliographie



Lien externe



На других языках


[de] Landes de Lanvaux

Die Landes de Lanvaux sind eine Hügellandschaft im französischen Département Morbihan auf der bretonischen Halbinsel.
- [fr] Landes de Lanvaux



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