Le Djurdjura (en berbère : ⴵⵕⴵⵕ, Ǧeṛǧeṛ) est un massif montagneux du nord de l'Algérie, sur la bordure méditerranéenne, constituant la plus longue chaîne montagneuse de la Kabylie. De forme lenticulaire, il s'étend sur une longueur de près de 110 km. Il appartient à la chaîne de l'Atlas.
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Djurdjura | |
Carte topographique de la Kabylie avec le Djurdjura au nord. | |
Géographie | |
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Altitude | 2 308 m, Lalla Khedidja |
Massif | Atlas tellien |
Longueur | 110 km |
Administration | |
Pays | Algérie |
Wilayas | Bouira, Tizi Ouzou, Béjaïa |
Géologie | |
Roches | Schistes, calcaires, dolomies, grès, argile |
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Le Djurdjura culmine à 2 308 mètres au sommet de Lalla Khedidja. Les cols de montagne reliant les vallées dépassent souvent les 1 000 m d'altitude.
On distingue deux parties du Djurdjura, à savoir le versant nord, qui englobe une partie de la wilaya de Tizi-Ouzou (Draâ El-Mizan, Boghni, Ouadhias, Ouacifs, Ath-Yenni, Ain El-Hammam, Iferhounène), et le versant sud, comprenant les limites nord de la wilaya de Bouira, notamment El Esnam, Bechloul, M'chedallah, Haizer, Ath Laziz, Chorfa et les communes voisines dépendant de la wilaya de Béjaïa, en l'occurrence, Tazmalt, Boudjellil et Ath-Mellikeche. C'est également sur ce versant sud que l'on retrouve la plaine ou vallée du Djurdjura, proprement dite, appelée notamment vallée du « Sahel-Djurdjura », s'étendant de la commune de Tazmalt jusqu'à Lakhdaria (ex-Palestro).
Le site est également une réserve de biosphère reconnue par l'UNESCO depuis 1997[1].
Le mot Djurdjura vient du berbère ; il est prononcé Ǧerǧer (Djerdjer). Ce terme est issu du mot ǧer (transformé en ger en kabyle actuel) qui veut dire « insérer au milieu », ainsi le terme Ǧerǧer, encore en usage chez les Touaregs, a pour sens « le central » ou « le milieu »[2]. Les toponymes, en général, subissent moins les transformations de la langue à travers le temps et malgré l'évolution du phonème Ǧ vers G[3], le terme Ǧerǧer a gardé sa prononciation initiale. Ainsi, Ǧerǧer pourrait être nommé par ces habitants en lien avec l'élément central qui les unit.
Une autre explication suggère que Jrjr signifie « tas de pierre » [réf. souhaitée]. Terme retrouvé également sous la forme grgr (prononcé avec le g de « gamin »).
Youcef Allioui[4] donne une tout autre origine au mot Djurdjura. Jrjr serait la « hauteur », d'un mot composé ancien Jer n Jer ou Ğer n Ğer, « la montagne des montagnes ». On ne retrouve aucune trace de cette racine dans aucun dialecte amazigh, ce qui rend cette explication peu probable.
Les Romains l'appelaient « la montagne de fer » (Mons Ferratus) pour la nature de son sol.
Durant la période coloniale, le Djurdjura était le nom d’une commune mixte (commune mixte du Djurdjura) dont le chef-lieu se trouvait à Aïn El Hammam (anciennement Michelet). Cette commune regroupait les populations des Aït Yahia, Aït Yttouragh, Aït Bouyoucef, Aït Menguellat, Aït Attaf (Iattafen), Aït Ouacif, Aït Ouadrar (Iboudraren).
Mmis n’Djerdjer signifiant « fils du Djurdjura » s'est par la suite étendu pour désigner un montagnard. Un groupe de chanteuses kabyles a pris le nom DjurDjura en référence à la chaîne montagneuse.
Le Djurdjura se compose de deux chaînes distinctes : celle du nord qui comprend l'Haïzer et l'Akouker et se prolonge vers l'est par l'Azerou Tidjer et celle du sud où se dresse le cône de Lalla Khedidja, culminant à 2 308 mètres, qui se prolonge par une crête se rattachant au Takerrat et l'Azerou Medene.
Les hydrologues qualifient le Djurdjura de « château d’eau percé » : la Kabylie étant parsemée de sources d’eau potable minérale et thermo-minérale.
Anou n'Ifflis est le plus profond gouffre d’Afrique (1 159 mètres) et est parmi les premiers à avoir été explorés par l'homme dans le monde. Ce gouffre nommé aussi « le gouffre du léopard » est bien connu des spéléologues. Ce sont des expéditions franco-algériennes, puis espagnoles et belges qui ont permis de l'explorer au début des années 1980.
La grotte du Macchabée présente un attrait touristique indéniable. D’accès difficile, elle se trouve près de Ain El Hammam (anciennement Michelet), à Azeru n Tijjr. Elle tire son nom d'un cadavre découvert par des spéléologues lors de sa première exploration à la fin du XIXe siècle.
La chaîne du Djurdjura offre tous les caractères de la haute montagne bien que son altitude ne soit pas très élevée, avec 2 000 mètres en moyenne. Elle les doit à la nature de ses roches en calcaires liasiques escarpées en crêtes dentelées, pitons aigus et murailles gigantesques aux flancs abrupts. La face nord qui plonge d'un seul tenant dans la vallée kabyle a une allure alpestre.
Le Djurdjura est exposé dans son ensemble à un climat méditerranéen, les hivers sont froids et neigeux, et les étés secs et chauds. Le froid et les précipitations augmentent avec l'altitude.
Le Djurdjura subit donc de nombreuses précipitations, l'hiver elles sont majoritairement sous forme de neige au-dessus de 800 mètres d'altitude. Cependant, lors des hivers les plus doux, la neige peut se trouver vers 1 200 ou 1 400 mètres en moyenne.
Le parc national du Djurdjura (superficie : 18 500 ha) a été créé en 1983 pour protéger le massif qui, de sommets enneigés en forêts épaisses, de gorges en vallons, du lac aux hauts plateaux, abrite une belle quantité d'espèces animales dont le singe magot, l'aigle botté, le sanglier, la hyène rayée, le faucon crécerellette (Falco naumanni) ou le héron cendré.
Dans leur Dictionnaire de la montagne, Sylvain Jouty et Hubert Odier avancent en 2009 que la Sittelle kabyle (Sitta ledanti), espèce rare et menacée découverte en 1975, est présente dans le Djurdjura[5], mais cet oiseau est endémique du Djebel Babor où il n'est connu que de quelques sites[6].
Le parc a été le théâtre de plusieurs incendies, notamment criminels, qui ont ravagé la forêt de cèdres, certains étant millénaires.