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L'île Maican (Ukrainien : Майкан, Roumain : Insula Maican) est un îlot ukrainien sur le Danube.

Île Maican
Майкан (uk)
Géographie
Pays Ukraine
Localisation Bras de Chilia sur le Danube.
Coordonnées 45° 26′ 17″ N, 29° 23′ 38″ E
Superficie Environ 0,18[1] km2
Géologie Île sédimentaire
Administration
Oblast Odessa
Raïon Kilia
Démographie
Population Aucun habitant (2022)
Autres informations
Fuseau horaire UTC+2
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
Île Maican
Île en Ukraine

Géographie


L'îlot se trouve sur le bras de Chilia séparant l'Ukraine au nord de la Roumanie au sud. L'îlot se situe à environ 100 m de la rive roumaine au sud-ouest et à environ 200 m de la rive ukrainienne au nord-est[2].

Il a une superficie d'environ 0,18 km². La longueur est d'environ 920 m pour une largeur perpendiculaire maximale d'environ 320 m[3]. Cet îlot sédimentaire plat soumis à l'érosion et aux crues est en partie boisé.

Il est situé entre la ville roumaine de Chilia et la ville ukrainienne de Vylkove. Il est inhabité et sans activité économique.


Histoire


Après l'occupation soviétique de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord le 28 juin 1940, l'armée soviétique a également occupé l'arrondissement de Herța et plus tard 6 îles au sud du bras de Chilia. Afin de délimiter la nouvelle frontière et de clarifier les malentendus, le sous-commissaire du Commissariat aux affaires étrangères de l'Union soviétique, Vladimir Dekanozov, a transmis le 17 août 1940 à l'ambassadeur de Roumanie à Moscou, Grigore Gafencu (ro), que l'État soviétique voulait une commission mixte à Moscou. La délégation roumaine dirigée par le général Constantin Sănătescu a été chargée de négocier la ligne de frontière telle qu'elle était tracée sur la carte jointe qui accompagnait l'ultimatum du 26 juin 1940.

Les pourparlers roumano-soviétiques ont eu lieu entre le 6 septembre et le 24 octobre 1940 et se sont avérés très difficiles, car la partie soviétique a contesté la frontière roumano-russe entre 1877 et 1918 à l'embouchure du Danube, sur le bras de Chilia. Le chef de la délégation soviétique, le général Matva Malanin, a déclaré que la Roumanie contrôle deux bras du Danube : Sulina et Saint Georges et peut pleinement assurer sa navigation sur le Danube sur le bras de Sulina. Par conséquent, l'État roumain ne devrait pas avoir de revendications sur le bras de Chilia, qui reviendrait à l'URSS.

Insatisfaits du fait que la délégation roumaine refuse d'accepter ce point de vue, dans la nuit du 25 au 26 octobre 1940, à 1 heure, quatre moniteurs soviétiques débarquent des troupes sur les îles de Daleru Mare et de Salangic. Une courte bataille s'ensuivit, au cours de laquelle 6 soldats roumains furent tués et les troupes roumaines furent forcées de battre en retraite, étant en infériorité numérique par rapport aux Soviétiques. Le 26 octobre, les troupes soviétiques occupent les îles de Tataru Mare, Daleru Mic et Maican, et le 5 novembre, elles occupent l'île Limba (ro) dans le golfe de Musura. La délégation soviétique mit la Roumanie devant le fait accompli, occupant de force six îles sur le bras de Chilia, totalisant un territoire de plus de 23,75 km2. Ainsi, le bras de Chilia était également occupé, la ligne frontière étant déplacée unilatéralement sur le bras de Musura. Le ministère roumain des Affaires étrangères déposa une protestation à Moscou contre cette occupation, au cours de laquelle le sous-commissaire aux Affaires étrangères de l'URSS Andreï Vychinski exprima son espoir que « la Roumanie ne persistera pas dans sa protestation, ce que le gouvernement soviétique ne peut pas accepter ». Il déclara que ces îles n'ont aucune valeur pour la Roumanie, mais qu'elles sont extrêmement importantes pour l'URSS.

Après le déclenchement de la guerre anti-soviétique, le 21 juillet 1941, des unités militaires roumaines de la 10e division d'infanterie traversent le Danube, libérant rapidement les villes d'Izmaïl, Kilia et Vylkove ; en cinq jours toute la Bessarabie méridionale et le Danube furent libérés des Soviétiques. Après la conclusion de l'armistice avec l'URSS en 1944, les gardes-frontières soviétiques ont réoccupé sans combat toutes les îles au sud de la voie navigable principale du bras de Chilia.

En rouge (îles) et rose (eaux), les territoires perdus par la Roumanie depuis 1948.
En rouge (îles) et rose (eaux), les territoires perdus par la Roumanie depuis 1948.

Le 4 février 1948, le Premier ministre de la République populaire roumaine, Petru Groza, et le ministre des Affaires étrangères de l'URSS, Viatcheslav Molotov, signent à Moscou le « Protocole sur la spécification de la frontière d'État entre la Roumanie et l'URSS », qui invoquait le traité de paix de 1947. La frontière à l'embouchure du Danube a été établie « le long du Danube, de Pardina à la mer Noire, laissant les îles de Tataru Mic, Daleru Mic et Mare, Maican et Limba du côté de l'URSS, et les îles Tataru Mare, Chernovka et Babina du côté roumain ; l'île aux Serpents, située dans la mer Noire, à l'est de l'embouchure du Danube, est intégrée à l'URSS ».

Selon le protocole, une commission mixte soviéto-roumaine a été chargée de délimiter sur le terrain la frontière entre les deux États dans la zone du bras de Chilia et de la mer Noire. Bien qu'on est allé sur le talweg du bras de Chilia, plusieurs fois on n'a pas pris le talweg comme frontière, mais les bras latéraux du côté droit. Au lieu de cela, les îles Tatomir (Grande Tartare) et Chernofca, également occupées en 1944, sont officiellement reconnues comme appartenant à la Roumanie, les gardes-frontières soviétiques s'en retirant. Ainsi, l'île Maican a été transférée à la RSS d'Ukraine au sein de l'URSS, passage frontalier entre cette île et l'île Babina.

Ce protocole n'a jamais été ratifié par la Roumanie. Cependant, le 25 novembre 1948, les représentants des ministères des Affaires étrangères des deux pays (Nikolai Pavlovich Sutov, premier secrétaire à l'ambassade de l'URSS à Bucarest et Edouard Mezincescu (ro), ministre plénipotentiaire) signèrent sur place, à bord d'une péniche soviétique, un rapport établissant la frontière roumano-soviétique sur le canal de Musura, situé à l'ouest de l'île de Limba et du bras de Chilia.

Ignorant ces documents longtemps secrets, le capitaine-commandant Constantin Copaciu (1910-1995), chef du Bureau hydrographique et aérophotogrammétrique et membre de la Commission de délimitation des frontières, a cherché à prouver aux Soviétiques que l'île des Serpents et 5 autres îles du bras de Chilia, invoqué par les Soviétiques, étaient des terres roumaines. Il a demandé l'interruption des travaux afin de demander des éclaircissements au gouvernement roumain, ainsi qu'à la Commission internationale du Danube. En janvier 1949, lors de la délimitation des eaux territoriales de la mer, l'officier roumain refusa de consulter la carte dressée par la délégation soviétique sur laquelle figurait l'île des Serpents incorporée à l'URSS. Le capitaine-commandant Constantin Copaciu a été arrêté le 5 mars 1949 et n'a été libéré de prison qu'en 1964. En août 1949, des navires militaires soviétiques ont convoqué les Roumains qui gardaient le phare, les ont arrêtés et les ont débarqués dans la ville de Sulina.

La situation sur l'île Maican et sur l'île Limba est restée la même sur la base de l'ancienne documentation sur le tracé frontalier, établi dans les années 1970.

Au fil du temps, la voie navigable entre l'île roumaine Babina et l'île ukrainienne Maican a été bloquée par des alluvions (boue et sable) et il a été décidé qu'une nouvelle route maritime serait construite sur le chenal entre l'île Maican et la rive ukrainienne. La voie navigable a changé, mais la frontière est restée la même.

En 1991, à la suite de la dislocation de l'URSS, l'île Maican est devenue une partie de l'Ukraine.


Différend frontalier


La frontière internationale reconnue en 1940 et 1947 (violet), et les îles en litige de 1948 à 2007.
La frontière internationale reconnue en 1940 et 1947 (violet), et les îles en litige de 1948 à 2007.

Sur la base du traité entre la Roumanie et l'Ukraine sur le régime des frontières d'État, la coopération et l'assistance mutuelle en matière frontalière, signé à Tchernivtsi le 17 juin 2003, une commission conjointe roumano-ukrainienne des frontières a été créée pour vérifier le tracé de la frontière commune. et la préparation de la documentation frontalière, qui remplacera celle datant des années 1970. Cette commission analyse également la situation de la frontière sur les cours d'eau. Conformément aux principes du traité entre la Roumanie et l'Ukraine signé en 2003, la frontière sur les cours d'eau entre les deux pays est établie au milieu du chenal navigable principal (sur les eaux frontalières navigables) et respectivement au milieu de la ligne de flottaison (sur les eaux frontalières non navigables).

Après avril 2009, selon Boris Tregubov, vice-président du Service national des frontières de l'Ukraine, la délégation roumaine de la Commission roumano-ukrainienne a fait une première tentative pour tracer la ligne frontalière dans la région de l'île de Maican sur le bras nord, plus près du rivage ukrainien.

Le 14 avril 2010, le ministre roumain des Affaires étrangères, Teodor Baconschi, a déclaré que dans l'interprétation roumaine de l'accord de 2003, l'île de Maican devrait revenir à la Roumanie car, après le colmatage, la voie navigable - celle qui détermine le tracé de la frontière d'État - s'est déplacé du sud au nord de l'île de Maican. Il a précisé que ce changement de frontière n'est pas une revendication territoriale contre l'Ukraine, mais seulement une question technique à la portée des experts. « La question est traitée sur la base du texte de 2003 de notre accord avec l'Ukraine par un comité technique pour l'établissement de la frontière commune. Dans les parties non navigables de la frontière, pourrait changer ou, plus précisément, refléter la changements géomorphologiques qui se sont produits de 1973 à 2010. Il ne s'agit pas d'une revendication territoriale, nous n'avons aucune raison de nous agiter, c'est l'affaire des experts qui font partie de la Commission mixte roumano-ukrainienne pour la délimitation de la frontière commune. Il s'agit d'études géométriques et du respect de la situation sur le terrain, selon les deux principes de délimitation de la frontière commune inscrits dans notre traité de 2003 avec l'Ukraine. »

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a déclaré que « la partie ukrainienne n'a pas l'intention de modifier la frontière dans cette zone et toutes les questions litigieuses découlant de la volonté de la partie roumaine d'apporter des modifications pertinentes seront discutées par les services frontaliers ainsi qu'à la réunion du 27 entre le vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères Konstantin Eliseev et le secrétaire d'État roumain aux Affaires étrangères Bogdan Mazuru. »

La presse ukrainienne et plusieurs députés ukrainiens (Gennady Zadarko) lancèrent une campagne de presse, affirmant que la Roumanie aurait des revendications territoriales contre l'Ukraine. Le député Zadarko a déclaré au quotidien Segodnia que « l'Ukraine pourrait à nouveau perdre une partie de son territoire. Lentement, sans nous déclarer la guerre, notre voisin, la Roumanie, prend un autre lopin de terre. Il y a un an, à la suite du procès devant la Cour internationale de justice de La Haye, il a gagné 9 700 kilomètres carrés du plateau continental de la mer Noire près de l'île des Serpents, où se trouvent d'importantes réserves de pétrole et de gaz. Maintenant, réessayez. (...) La Roumanie revendique avec insistance cette île et une autre chaîne d'autres îles, en la souhaitant. (...) L'idée est que Maican n'est pas la plus grande île, elle n'a qu'une superficie de quelques milliers de mètres carrés, ce sont des îles beaucoup plus grandes, mais c'est un précédent très dangereux. Car si le chenal aval, entre les îles Babin et Ermakov, devient boueux, il faudra aussi le remettre aux Roumains. »

Outre l'aspect territorial, un aspect économique a également été invoqué. Au nord de l'île Maican, les Ukrainiens ont construit en 2005 un canal navigable plus large et plus profond sur le bras de Bystroe, exploité exclusivement par l'Ukraine. Si la frontière est déplacée le long de ce canal, le corridor maritime deviendra commun et l'Ukraine devra partager les revenus avec la Roumanie.


Notes et références


  1. Superficie mesurée avec Google Maps.
  2. Distances calculées avec Google Maps.
  3. Superficie et distances calculées avec Google Maps.

Annexes



Articles connexes



На других языках


[en] Maican Island

Maican Island (Ukrainian: Майкан, Romanian: Insula Maican) is a Ukrainian islet in the Danube.[2]
- [fr] Île Maican

[ru] Майкан

Майкан (укр. Майкан) — небольшой остров на Дунае. Административно входит в Одесскую область Украины.



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